Arachnae est le premier tome de la trilogie de Charlotte Bousquet L'Archipel des Numinées. Les deux suivants sont Cytheriae et Matricia.
Dans la ville d'Arachnae, à la fois magnifique et sordide, des cadavres d'enfants, torturés et violés, sont retrouvés. Notre héroïne, Théodora, travaillera de concert avec le Capitaine Tigran Gracci pour mettre la main sur les coupables. Une enquête qui les mènera loin dans l'horreur ... jusque dans les réunions aussi secrètes qu'horribles d'un culte démoniaque.
Plusieurs choses m'ont beaucoup plu dans ce livre. Tout d'abord la ville d'Arachnae, bien sûr, personnage à part entière, richement décrite.
"Au coeur du Labyrinthe, sous le Cloaque formé de ses faubourgs les plus miséreux, Inferna pulsait, suintait, éructait comme le poumon malade d'un ladre; ses clients grouillants formaient les bubons et les pustules répandant cette maladie infecte et contagieuse au sein de la capitale. Inferna, plus qu'une gangrène, était semblable à une peste devenue par un étrange et grotesque paradoxe aussi inhérente qu'essentielle à Arachnae."
J'ai bien aimé aussi découvrir la religion, inspirée par la mythologie grecque, de cette contrée imaginaire dans laquelle les Moires (Clotho, Lachésis et Atropos) représentent la Triple Déesse. Celles-ci sont chargées de conseiller et guider le prince régnant (qui est en fait le plus souvent une femme, mais pas à Arachnae au moment où se déroule l'histoire) ; à défaut elles peuvent également lui mettre des bâtons dans les roues, voire chercher à l'éliminer ...
"Celui qui croit pouvoir démêler l'écheveau du Destin est un insensé, car les Fileuses qui en ont la garde se jouent des désirs des mortels et les poussent inexorablement dans les chemins secrets qu'elles ont tissés pour eux."
Cette religion fait la part belle au féminisme. J'ai trouvé que cette idée de Trinité féminine était un joli pied-de-nez à la religion catholique, qui a sa propre Trinité ... résolument masculine. De façon générale, on constatera avec plaisir que les femmes sont à l'avant de la scène dans Arachnae, et ce n'est pas la superbe illustration de couverture d'Elvire De Cock qui nous dira le contraire.
"Une oraison pour le Passé,
Aux si nombreuses clés cachées ;
Une oraison pour l'Aujourd'hui,
Aux possibles indéfinis ;
Une oraison pour l'Avenir,
Flot que nul ne peut retenir !
Eau fluide ! Eau pure ! Eau vagabonde !
Toi qui as parcouru le monde,
Montre-nous ce que tu connais ! "
L'histoire également est très prenante, tout au moins jusqu'aux deux tiers de l'ouvrage. En effet, je ne suis pas arrivée à me replonger dans le récit à partir du moment où une partie de l'intrigue a trouvé sa résolution. C'est vraiment dommage car j'étais très enthousiaste au début mais la suite de l'histoire n'a pas réussi à recapter mon attention.
Un avis en demi-teinte donc mais sur fond de bonne impression car ce roman a de grandes qualités.
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