Ariel
7.9
Ariel

livre de Sylvia Plath (1965)

Quand Ariel s'applique à piquer des mots teutoniques.

Envie de lui accorder le bénéfice du doute.

Ariel se lit super vite et c'est ce que j'ai fait, sans vraiment m'attarder. Je passais d'un texte à l'autre un peu comme un robot. Quatre-vingt pages plus tard, c'était fini ; c'était fini et je me suis demandé si vraiment, j'avais apprécié la chose, si j'avais pu, étant donné que la poésie et moi, c'est rare, et que là, c'était en anglais (problème d'habitude, pas de compréhension).

La poésie dans une langue étrangère, je me dis que ça se traduit par une approche du rythme souvent complètement différente, d'autres influences et, peut-être, une façon d'approcher l'image qui a rien à voir (bémol parce qu'est-ce que la langue façonne vraiment le sens de l'image et son traitement ?). Ici, ça se traduit par des vers qui semblent cahoteux (semblent parce que je suis pas à même d'identifier une tendance en termes de rythme en poésie moderne d'expression anglaise : je manque d'expérience, si on veut), des images récurrentes, obsédantes, même, mais surtout une espèce de noirceur cotonneuse.

En tant que lecteur, je sais maintenant qu'Ariel rejoint plus ou moins ma sensibilité (je vais devoir le relire pour me fixer). J'ai lu la détresse de Plath, ses peurs, sa fragilité, mais sans vraiment la ressentir puisqu'elle l'emballe un peu trop de douceur. Elle cherche peut-être à exprimer sa violence, mais renvoi vers "filtre poétique"*. La plupart des poèmes m'ont laissés froid aussi, mais j'avoue que j'ai sûrement parcouru l'ensemble trop rapidement pour son bien.

Ce dont je suis sûr, c'est que globalement, le penchant qu'elle a pour la comparaison a un côté dérangeant, lourd, presque mécanique, qui a l'apparence de la facilité. À côté de ça, son filtre poétique* a rien de vraiment fulgurant parce que des fleurs, des bébés, des infirmières, des abeilles tout le temps, tout le temps, tout le temps (elle réutilise souvent ces termes-là), même si on peut voir leur fréquence comme le reflet de ses obsessions, elle renvoie aussi à un possible repli sur soi et à la pauvreté qui s'ensuit (j'aime pas le recyclage d'images et elle s'y adonne allègrement, je trouve). Elle emploie également des O, des Ah et des points d'exclamation, ça à quoi je souscris pas : c'est grandiloquent et ridicule peu importe la langue. Sinon, le procédé m'apparaît peu honnête : est-ce que c'est une sorte de cric utilisé de manière à surélever la puissance de ses vers ?

Cela dit, j'avoue que certains textes se détachent du peloton. Je pense à The Applicant, Lady Lazarus, Daddy et Paralytic, mais j'ai la mémoire friable. Ceux-là m'ont laissé un souvenir plus vif, ils sont plus puissants, plus maîtrisés. Après, j'en oublie probablement quelques-uns.

Enfin, voilà, j'émets une réserve quant à mon six. Si ça vous intéresse, lisez à petite dose et en anglais (une traduction a aucun intérêt). C'est inégal, mais y'a peut-être quelque chose pour vous dedans quand même. Je suis peut-être un peu sévère aussi, peut-être, peut-être.
Megillah
6
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le 15 oct. 2010

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Megillah

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