Deuxième livre de l’auteur de Ready Player One, Ernest Cline.
J’avais bien aimé son premier livre. Une histoire simple qui réussit à surfer sur de nombreuses références en parvenant à rester (plus ou moins) du côté de l’hommage aux années 80 sans (trop) basculer dans l’excès. On ne découvre pas le sens de la vie dans ce livre mais on peut y passer quelques heures de divertissement confortable.
Et puis on a Armada...
Impossible pour moi de ne pas comparer les deux livres tant ils sont bâtit sur le même modèle ADN mais l’un est réussi (Ready Player One) et l’autre est complétement raté (Armada, c’est toi que je pointe). On sent que l’auteur tente de recréer l’ambiance de son premier succès mais en enlevant tout le contexte pour ne garder que ce qu’il pense être ce que les gens veulent. Tous y est simplifié à l’extrême et tout y perd son sens.
• Le héros de l’histoire pour commencer. On troque Wade pour Zack et on ne gagne pas au change
RPO : Wade. Héro relativement bien construit : un geek ultime qui préfère la réalité virtuelle à un monde en déclin mais on ressent quand même une certaine profondeur dans la solitude et la mélancolie du personnage. Surtout dans les passages où il se rend compte à quel point son monde virtuelle qu’il est dit être sa seule réalité est finalement très factice. On ressent vraiment une envie de contact humain qu’il n’arrive pas à exprimer.
Armada : Zack…il joue au jeu vidéo et il a des références geek… voilà, c’est tout… Au début du livre, l’auteur invoque un « tempérament » mais passé la première scène, cela ne reviendra jamais…
• Les personnages secondaires
RPO : Je n’irais pas jusqu’à dire qu’ils étaient exceptionnels dans Ready Player One mais ils avaient le mérite d’être bien introduit, on savait qui était qui. On commence par nous décrire Aech puis Art3mis beaucoup plus loin dans le bouquin et ainsi de suite. Simple mais efficace.
Armada : on commence par nous introduire les deux meilleurs amis du héros, sa mère puis la love interest, jusque-là, ok. Et puis alors que le bouquin est déjà bien entamé, ces personnages disparaissent et l’auteur nous introduit quatre nouveaux personnages complétement Random répondant au doux noms de Whoadie, Cazyji, AtomicMom, Kushmaster. Tous introduit dans la même page (mais c’est genre, une porte s’ouvre et les quatre personnages sont derrières). 10 pages plus loin, on a de nouveaux droits à 3 nouveaux personnages Redjive, Maxjenius, Withnailed (toujours derrière une porte). 20 Pages plus loin, après que tout le monde ait couché ensemble,
ils meurent pratiquement tous…
Je ne sais pas qui est qui, je ne sais pas ce qu’ils font, je n’ai pas eu le moindre attachement pour eux.
• L’histoire
RPO : Le concept de chasse au trésor est déjà plus original que l’invasion extraterrestre mais surtout il se passe des trucs. C’est simpliste mais cette simplicité est utilisée pour sublimer un paquet de scène divertissante et différentes. On ne s’ennuie jamais.
Amarda : le néant. Ça donne explications interminables/ batailles/explications interminables/ batailles/explications interminables/fin rushée.
Les parties explications se répètent inlassablement pour au final raconter une histoire d’une simplicité extrême.
Je n’ai rien contre les histoires simples mais pas quand on se contente d’insister autant dessus alors qu’il n’y a rien à raconter…
Un peu à l’image du « twist » de fin. Le héros se rend régulièrement compte que quelque chose ne tourne pas rond dans l’invasion. D’ailleurs, l’auteur insiste tellement là-dessus que ça en devient gênant. Tu cherches une explication tout le long du bouquin cohérente avec les indices incrustés dans ton cerveau à coup de marteau et puis quand elle arrive…c’est le premier truc auquel tout le monde a pensé. Et pourtant l’auteur semble très fière de son idée… Ce sentiment de déception…
Rien à voir mais mention spéciale au papa qui meurt trois fois dans le bouquin…
Et puis finalement, le truc qui finit de me prouver que l’auteur a vraiment écrit ça pour de mauvaises raisons : les références pop.
RPO : la connaissance pointue de la culture geek est expliquée. Elle n’est détenue que par une partie de la population pour une raison bien spécifique. Les personnages parlent autour DE références.
Dans Armada, les personnages parlent tous EN références sans raison et cela change tout. Sans contexte, l’auteur se contente de balancer références sur références en essayant d’en caser le plus possible par ligne de texte jusqu’à en gerber. On ne peut que ressentir l’artificialité de la construction des dialogues. Cela donne à peu près :
- Whoadie : Luke je suis ton père, dark side of the moon ?
- Redjive : Mais non voyons, paix et prospérité Mad Max le dôme du tonnerre.
- Zack : moi, je dis Doctor Who Z revenge of the nerd.
- Une passante dans la rue : Phillliiiiippppppeeee, viens par ici que je te bute enculéééééé.
Bref, un bouquin très court qui m’a paru paradoxalement interminable. Ennuyeux et pompeux à mourir.