Artères souterraines par rmd
« Quand je suis entré, il a enfilé son pénis dans le tuyau de l’aspirateur qu’il a mis en marche . Ça lui a arraché toute la peau en un clin d’œil. C’est ça, un dégantement. La douleur et le choc ont saturé son système nerveux et provoqué une crise cardiaque puissante et immédiate qui l’a foudroyé sur place.
— Putain, Mike...
— Un vieux macchabée bedonnant vautré sur un aspirateur qui lui mâchouillait encore la bite. Voilà ma vie, Trix »
Michael McGill, privé new-yorkais en pleine dérive, se voit confier par le chef de cabinet de la Maison Blanche une mission aussi délirante que difficile : retrouver la deuxième constitution secrète des États-Unis, qui donne à son possesseur un pouvoir surnaturel de persuasion sur les foules. Cet exemplaire ayant été perdu de vue par les services gouvernementaux, un raisonnement par l’absurde a convaincu le chef de cabinet que seul un looser comme McGill pouvait mener à bien l’enquète. C’est équipé de son pistolet et, surtout, accompagné de Trix, son assistante aussi providentielle que nymphomane, que le détective va parcourir les États-Unis à la poursuite de l’objet précieux.
« Artères souterraines » est le premier roman de Warren Ellis, plus connu comme scénariste de comics, notamment l’admirable Transmetropolitan, récit cyberpunk d’un journaliste gonzo. Avouons-le tout de suite : la légère trame fantastique (le pouvoir surnaturel de la constitution secrète) n’est là que pour permettre à l’auteur de faire subir à ses personnages une traversée délirante de l’Amérique.
De Columbus, Ohio, où des policiers gays se gonflent le scrotum en s’injectant des litres d’eau salée, a San Francisco et ses avocats se livrant à des soirées très spéciales, en passant par le Texas et Las Vegas, Ellis s’adonne à une description absolument énorme et totalement caricaturale d’échantillons représentatifs des stéréotypes américains : putes droguées, texans mangeant un demi-bœuf saignant (avec le cuir) au restaurant, geek cynique, c’est un feu d’artifice permanent. Comique de situation bien souvent, mais aussi écriture fortement imagée qui n’hésite jamais devant un bon mot ou une vulgarité, donnant au récit une grande vigueur et plongeant régulièrement le lecteur dans l’hilarité. Alors, si l’intrigue légère passe rapidement au second plan, ce voyage hilarant et grotesque fait de ce roman une joyeuse réussite.