Tout commence par une évocation incandescente du paradis perdu : l’intelligence miraculeuse des âmes à laquelle s’accorde l’embrasement des corps en fusion, comme une lumineuse et nécessaire évidence.
En Islande les arcs-en-ciel sont fulgurants. La célébration de l’amour charnel est une urgence, la fausse pudeur n’est pas de mise.
Mais les étés sont courts dans les Fjords de l’Ouest. Le paroxysme est toujours éphémère, le sublime jamais loin de l’abjection.
Et si l’amour pétille comme des bulles de champagne dans une réception mondaine que traversent des hommes avides, le bonheur est aussi passager qu’essentiel,
abîmé par les occasions manquées, par la peur de s’engager et de souffrir, par les rêves inassouvis d’une liberté engluée dans le quotidien, par la culpabilité et le poids de l’ascendance,
transpercé de départs et de désertions, de lettres égarées ou jamais parties, de paroles non dites, de chants aussi beaux que désespérés.
Le désespoir est la face sombre de l’amour : tous n’en mourront pas mais tous seront blessés. Comment échapper à l'inéluctable alors qu'aucun chemin ne mène hors du monde?
Certains tomberont de haut, d’autres s'accommoderont d'accalmies illusoires.
D’autres encore finiront noyés dans les eaux profondes du chagrin. Ou reconditionnés par les extraterrestres, ils traverseront leur vie en étrangers.
Tous ces récits enchevêtrés de passions inassouvies, d’espoirs anéantis, de vies brisées sont autant de lueurs fugaces prêtes à sombrer à deux doigts du néant. Mais leur beauté précaire éclaire le ciel blafard comme la lueur incertaine d’un phare. Comme la magie éthérée d’une aurore boréale.