"Au bonheur des dames" est pour ma part la meilleure oeuvre de Zola que j'ai pu lire jusqu'à présent. L'auteur nous raconte avec force détails l'avènement des grands magasins et toutes les implications qui en découlent. Zola nous décrit les modes de fonctionnement d'un nouveau type de commerce (publicité, agrandissement, investissement, renouvellement, livraison à domicile, service de retours des articles, soldes ...). Il nous conte également l'angoisse des petits commerçants ravagés ainsi que leur incapacité à s'adapter aux nouvelles règles du commerce.
On a souvent critiqué les longues descriptions de Zola. Loin d'alourdir le récit, cela confère à l'oeuvre une foule de détails qui permettent de rendre l'histoire plus réelle. Lorsqu'il entame la lecture d'"Au bonheur des dames", le lecteur se retrouve directement propulsé dans l'univers de ce grand magasin. Les couleurs, les tissus, la foule, les vendeurs, tout cet univers prend vie sous nos yeux grâce au style d'écriture de Zola. Une écriture soit-dit en passant incroyablement jouissive pour tous les amoureux de la langue française.
L'oeuvre de Zola peut d'autant plus passionner les lecteurs modernes que les faits relatés sont toujours d'actualité. On nous rabâche en effet toujours les oreilles avec ces histoires d'expansion des grands magasins et de la lente agonie du commerce de proximité. L'auteur nous livre ici une oeuvre qui invite le lecteur à réfléchir, à s'interroger sur les divers aspects du commerce. On retrouve également dans cette histoire toute la minutie du travail de recherche que Zola effectue comme à son habitude avant chacun de ses nouveaux romans notamment en ce qui concerne les conditions de vie des employés par exemple.
Sur fond de romance qui ravira les fleurs bleues (Denise Baudu petite pauvresse et Octave Mouret son patron), Zola réussit le tour de force de captiver son lecteur de bout en bout avec un sujet qui n'a pourtant rien de particulièrement attrayant à la base: les grands magasins. La seule fausse note que l'on pourrait trouver à ce livre c'est la fin où l'histoire d'amour prend le dessus sur tout le reste, un peu too much à mon goût. Mis à part ça, ce livre vaut vraiment la peine d'être lu.