L'ouvrage m'a noué l'estomac dès le début, dans cette remontée toujours plus lourde de la jungle, sans que je n'apprécie pleinement. Je n'ai pas eu envie de m'arrêter mais j'ai progressé sans grand enthousiasme. Les quinze dernières pages, tout prend sens, Conrad est touché par la grâce, l'écriture devient magnifique, on relit les mots pour être sur d'avoir bien compris, chaque relecture est différente et les mots restent. Marlow fuit à reculons, nous avons envie de faire de même, non sans jubilation quant au style.
Au sujet du dénouement final et de la réflexion qui en découle, mon édition n'évoque uniquement que la critique du colonialisme, si je ne nie pas qu'elle puisse être présente, cette analyse m'a déçu tellement elle me semble limitée et restrictive. Je ne suis pas très doué en analyse, mais le cri du cœur au centre du livre ne parlerait il pas un peu de la vanité humaine et de la condition de tout un chacun ? Bref bien plus loin et plus haut que ce seul aspect ne pourrait le laisser penser.