Malgré ses 740 pages, une enquête finalement plus facile à digérer qu'on pourrait le craindre de prime abord grâce au savoir-faire de Philippe Jaenada.
Les personnages sont d'abord présentés comme les a perçus le grand public à travers le prisme d'une presse dont la déontologie laisse parfois à désirer. Mais comment penser un seul instant que celui qui revendique dans des dizaines de lettres le meurtre du petit Luc Taron,11 ans, et qui finit par être identifié est innocent de ce crime ? Peu à peu, Philippe Jaenada installe cependant le doute dans l'esprit du lecteur et finit par le convaincre. Lucien Léger, alias l'Etrangleur comme il s'est désigné lui-même en signant ses lettres de revendication, ne peut pas avoir tué Luc qui n'est d'ailleurs pas mort étranglé comme on l'a d'abord annoncé. A l'image du père de l'enfant, homme sans scrupules et foncièrement détestable, la plupart des protagonistes de l'affaire ont beaucoup de choses à cacher et les monstres ne sont pas ceux qu'on croit.
Bien sûr, on peut reprocher à l'auteur de nous faire crouler sous les détails, à croire que le terme d'exhaustivité a été créé juste pour lui, et il est vrai que parfois, trop, c'est trop ! Heureusement, il nous offre des moments de respiration en nous informant sur l'évolution de son propre état de santé au fur et à mesure de l'avancement de son enquête et n'oublie pas de parsemer son récit de touches d'humour qui apportent à son travail de fourmi une dose de légèreté bienvenue.