Je n'ai pas vraiment été convaincu par ce livre.
Du côté des "plus"
- l'histoire se laisse lire et on est attiré et intrigué par ce que vont devenir les personnages dont les destins s'entremêlent.
- les derniers jours de la guerre avant l'armistice où pour des histoires de gloriole personnelle, on envoie les poilus au massacre inutile (si tant est qu'avant c'était plus utile), histoire d'obtenir une dernière citation ou une dernière breloque. Quand on sait que les carottes sont cuites, ce sont des décisions faciles et qui peuvent rapporter gros sur le dos de la chair à canon.
Du côté des "moins"
- la désacralisation de cette guerre : entendons-nous bien, loin de moi de vouloir jouer les "père la vertu" ou les "anciens combattants purs et durs". Mais il y a eu tellement de morts, entraînant tellement de drames qu'a minima il faut rester prudent dans ce qu'on écrit. Quelqu'un qui ne connaîtrait rien de ce conflit (à mon avis, aujourd'hui il y en a beaucoup) aura l'impression fâcheuse que tous les survivants en ont profité pour arnaquer le monde entier. Ce qui est épouvantablement faux. J'ose espérer que ce roman a dépassé la pensée et la clairvoyance de l'écrivain (que je ne connais pas plus que ça).
- le style du roman que je trouve de plus en plus vulgaire au fur et à mesure de l'avancement du livre
- l'histoire elle-même : un officier (Pradelle) et deux soldats (Albert et Edouard) qui s'opposent au départ (dans les tranchées) pour de très bonnes et pertinentes raisons. D'autant que Pradelle a un comportement dégueulasse sur le terrain. Après la guerre, l'officier va monter une arnaque (vomitive) mais les deux soldats (Albert et Edouard qui est une "gueule cassée" vraiment très cassée) de leur côté vont en monter aussi une guère plus reluisante (juste un peu moins vomitive). C'est très négatif. Je n'adhère pas à l'histoire. Je n'aurais pas eu le même point de vue si le soldat Albert, qui a été témoin du comportement lâche et inapproprié de l'officier pendants les derniers jours de la guerre, avait construit - patiemment - une revanche vis-à-vis de l'officier. On serait resté sur un plan moral plus acceptable.
- le personnage d'Edouard : on peut comprendre son désir - perverti - de prendre sa revanche. Mais fallait-il charger la barque comme l'écrivain l'a fait ? Au final le personnage n'est pas très beau et on a du mal à éprouver de l'empathie. C'est affreusement négatif. Ce qui est très fâcheux. Je redoute que les lecteurs fassent une généralisation d'un cas très particulier.
- ce livre est semble-t-il un prix Goncourt !!! Ca me conforte dans mon opinion de ne pas faire foi à la valeur de ces prix pour mes choix de lecture !!!
Cerise sur le gâteau ("last but not least" comme disent nos voisins anglais) : j'ai lu ce roman dans une édition "dite scolaire" prévue pour être placée entre les mains d'élèves de troisième. Alors là, j'en reste sur mon (auguste) derrière pour rester poli ! A quoi pensent donc les gens du ministère de l'EN ? Pourquoi, bon sang, envisage-t-on de faire lire ce livre complètement amoral et pervers à des collégiens ? Où est la leçon d'Histoire ? Si c'est vraiment ce qu'on veut faire ingurgiter à des élèves, alors je ne m'étonne plus de rien.