Albert et Edouard sont des survivants de la "grande guerre" et de la dernière ascension contre l'ennemi, celle de la colline 113. Déclassement pour l'un, "gueule cassée" pour l'autre, les deux poilus rescapés liés par un lien indissociable vont se lancer dans une escroquerie vengeresse...
Au revoir là haut est le premier roman que je lis de Pierre Lemaître. Ce livre m'a impressionné et énormément touché.
Grâce à un style ciselé et plein d'authenticité, une trame scénaristique dramatique et incertaine jusqu'à l'issue, l'auteur signe là un ouvrage remarquable basé sur un travail extrêmement documenté. Je me suis senti immergé -et enseveli dans la colline 113- dés les premières pages dans l'histoire de ces 2 jeunes hommes, victimes d'une guerre cynique menée par des généraux et des maréchaux désinvoltes et indifférents au destin de cette "chair à canon".
J'ai été personnellement beaucoup ému par le personnage d'Albert Maillard, comptable dans le civil, pétri de principes mais tellement humble et scrupuleux ainsi que par le flamboyant Edouard Péricourt, dessinateur génial et gueule cassée, enfant original et mal aimé d'une famille riche qui voyait pourtant un bel avenir s'ouvrir devant lui.
Ce qui est le plus remarquable est l'empathie que l'auteur réussit à créer chez le lecteur vis à vis de ses 2 "héros" qui vont pourtant mettre en oeuvre une gigantesque escroquerie...
Les portraits "croqués" par Lemaître sont impeccables: de Henri d'Aulnay Pradelle, le capitaine cynique "fin de race" coureur de jupons à Merlin, le fonctionnaire mal aimé du ministère de la guerre sans oublier Madeleine Pericourt, une femme qui a de "la suite dans les idées", comme le démontrera le livre Les couleurs de l'incendie.
Un livre qui m'a souvent fait monter "l'eau du coeur aux yeux...."
Dupontel a fait une adaptation honorable de ce magnifique roman mais cette adaptation ne peut restituer la même puissance dans l'intensité.
Un prix Goncourt 2013 bien mérité!
Il savait que la guerre n'était rien d'autre qu'une immense loterie à
balles réelles dans laquelle survivre quatre ans tenait
fondamentalement du miracle.
Ma note: 10/10