Si vous avez lu ma critique du premier roman de Vernor Vinge dans ce cycle, ‘Fire Upon The Deep’, vous savez que j’ai mis un peu de temps à rentrer dedans. Néanmoins, la finale était suffisamment bien pour me convaincre de continuer. Continuer, façon de parler, puisque ce roman prend place bien auparavant. Et on affaire à un environnement et un cast sans rien à voir avec ‘Fire’, en dehors de Pham Nuwen. Un autre point commun que ce personnage récurrent est la structure de la narration, avec une alternance de chapitres centrés sur une civilisation extraterrestre planétaire, et d’autres sur les humains dans l’espace. Comme dans ‘Fire’, les deux trames mettent loooooooooooongtemps à vraiment se rejoindre. Et comme dans ‘Fire’ encore, la trame sur les extraterrestres est la meilleure, les humains étant généralement bêtes et énervants.
Il y a malheureusement quelques problèmes avec les Araignées E.T. de Vinge. D’une, elles sont décrites, ainsi que leur civilisation, avec une forte dose d’anthropomorphisme. Cette approche est justifiée par l’auteur via une sorte de retournement de situation qui sent l’arnaque à plein nez. Les loups télépathes de ‘Fire’ étaient vraiment aliens, et c’était un peu de travail pour moi, le lecteur, pour comprendre les tenants et les aboutissants de leur société. C’était certainement l’un de mes aspects préférés de la lecture, mais j’imagine que ça a pu en décourager d’autres, et peut-être est-ce pour cela qu’ici, on nous sert une copie du début du vingtième siècle avec sa course à l’industrialisation. Pas besoin de se fouler, donc, ni pour le lecteur, ni pour Vinge.
Une différence intéressante avec notre civilisation est la période d’hibernation des Araignées. Mais en fin de compte, Vinge utilise cela surtout pour retarder la rencontre avec les humains. Pendant que les Araignées dorment, on se traîne de chapitre en chapitre au travers des histoires insipides des humains, délayées sur, littéralement, des décennies. La conclusion, quand elle se produit finalement, est décevante et bâclée. Je note par ailleurs que chaque personnage féminin majeur de cette histoire est tragiquement contrôlé par un mâle. Qiwi Lisolet par Thomas Nau, Trixia et Anne Reynolt par les brutes de Nau, quant à Victory, elle reste toujours dans l’ombre de Sherkaneer Underhill, le super-Einstein des Araignées, dont le génie fictif contribue surtout à réduire considérablement la profondeur et le réalisme. Puisqu’il sait tout inventer et tout prévoir, on n’a guère besoin d’autres personnages autour de lui.
Somme toute, une lecture longue et frustrante. Et contrairement à ‘Fire Upon The Deep’, la patience ne paie pas.