Après avoir assisté à une conférence sur la science fiction animé par cet auteur, connu pour le roman La Horde du Contrevent, j'ai eu envie de lire son recueil de nouvelles, 10 histoires hétéroclites qui cristallisent son rapport à la société, la philosophie, la technologie...
La nouvelle est un genre qui se prête très bien à ces histoires: ses lieux et univers sont divers, parfois assez peu définis, et explorent une idée particulière peut-être difficile à tenir sur un format plus long. J'ai énormément ressenti les questionnements politiques et de société de Damasio à travers ces oeuvres: le capitalisme et la privatisation dans les Hauts® Parleurs®, un monde où le vocabulaire a été privatisé, mot par mot, au fil du temps; la technologie moderne et sa relation à l'humain, et aux liens entre les êtres humains dans c@ptch@ ou So Phare Away...
On ressent également une forte influence de certains courants philosophiques, notamment Gilles Deleuze, un peu de Mallarmé, ou de Carrol peut-être? Certains de ces univers de Damasio sont oniriques, inquiétants parfois, dystopiques sûrement, mais il reste un espoir en l'humanité, une promesse, quelque part.
Au niveau du style, j'ai ressenti son envie de casser les codes, d'aller en profondeur, de tester des choses nouvelles. Le résultat est assez conceptuel, parfois déroutant. J'ai trouvée l'idée intéressante, mais ce style rend l'immersion plus difficile, et je me suis prise à davantage apprécier l'idée véhiculée par chaque histoire, que la forme en elle-même, moyennement agréable à lire. Un peu comme lorsque l'on est touché par l'intention d'un artiste contemporain tout en trouvant sa pièce un peu laide.
Dix nouvelles aux univers différents et intéressants, qui poussent à une réflexion profonde sur l'humain, le lien, la technologie et d'autres choses encore. Mais, un peu comme un livre de philosophie, Aucun Souvenir Assez Solide est à lire avec les idées claires, et au calme.