Après avoir assisté à une conférence sur la science fiction animé par cet auteur, connu pour le roman La Horde du Contrevent, j'ai eu envie de lire son recueil de nouvelles, 10 histoires hétéroclites qui cristallisent son rapport à la société, la philosophie, la technologie...

La nouvelle est un genre qui se prête très bien à ces histoires: ses lieux et univers sont divers, parfois assez peu définis, et explorent une idée particulière peut-être difficile à tenir sur un format plus long. J'ai énormément ressenti les questionnements politiques et de société de Damasio à travers ces oeuvres: le capitalisme et la privatisation dans les Hauts® Parleurs®, un monde où le vocabulaire a été privatisé, mot par mot, au fil du temps; la technologie moderne et sa relation à l'humain, et aux liens entre les êtres humains dans c@ptch@ ou So Phare Away...

On ressent également une forte influence de certains courants philosophiques, notamment Gilles Deleuze, un peu de Mallarmé, ou de Carrol peut-être? Certains de ces univers de Damasio sont oniriques, inquiétants parfois, dystopiques sûrement, mais il reste un espoir en l'humanité, une promesse, quelque part.

Au niveau du style, j'ai ressenti son envie de casser les codes, d'aller en profondeur, de tester des choses nouvelles. Le résultat est assez conceptuel, parfois déroutant. J'ai trouvée l'idée intéressante, mais ce style rend l'immersion plus difficile, et je me suis prise à davantage apprécier l'idée véhiculée par chaque histoire, que la forme en elle-même, moyennement agréable à lire. Un peu comme lorsque l'on est touché par l'intention d'un artiste contemporain tout en trouvant sa pièce un peu laide.

Dix nouvelles aux univers différents et intéressants, qui poussent à une réflexion profonde sur l'humain, le lien, la technologie et d'autres choses encore. Mais, un peu comme un livre de philosophie, Aucun Souvenir Assez Solide est à lire avec les idées claires, et au calme.
Kalygolo
6
Écrit par

Créée

le 25 févr. 2015

Critique lue 1.1K fois

5 j'aime

2 commentaires

Kalygolo

Écrit par

Critique lue 1.1K fois

5
2

D'autres avis sur Aucun souvenir assez solide

Aucun souvenir assez solide
Kalimera
9

Chat peau bas Monsieur Damasio

"Chalom! -Chalut.Chat va ? -Comme chie, comme chat, pastichat le pachat. Ce disant, il s'approchat, non-chalant, de son pas chat-loupé." Voilà. C'est un extrait d'une des nouvelles présentées...

le 23 nov. 2012

36 j'aime

17

Aucun souvenir assez solide
Fredk
10

Impossible de descendre en dessous de 10

"C'est que vous n'avez réussi qu'à universaliser® l'identique® quand nous identifions® le Divers®. Vous faites de la pôlitique, soit. Mais nous, nous sommes des polyticiens." Spassky (dans : Les...

le 25 avr. 2014

13 j'aime

Aucun souvenir assez solide
MonsieurCroque
9

La Force du Signifiant

Alain Damasio aime, s'éclate à (ne vit que pour ?) jouer avec sa plume. Et moi je ne m'en lasse pas. Découvert avec "La Zone", devenu accro avec "La Horde", j'ai pris un plaisir incroyable à me faire...

le 24 févr. 2014

7 j'aime

3

Du même critique

La Justice de l'ancillaire
Kalygolo
9

La vengeance de l'espace

L’Empire du Radch s’étend dans toute la galaxie. D’annexion en annexion, les Radchaaï absorbent planètes et cultures, et transforment leurs ennemis en Ancillaires. Ces soldats deviennent alors...

le 29 nov. 2015

4 j'aime

Une forme de guerre
Kalygolo
9

Qu'est-ce qu'une utopie, une vraie?

Consider Phlebas est le premier volume de la série "Culture" d'Iain Banks, une série connue pour son univers utopique et riche. Découvert dans le cadre de la création de mon utopie, le livre présente...

le 12 août 2015

1 j'aime

1