Mais par où commencer ? "Autant en emporte le vent" (1936) est une véritable immersion dans la mentalité des Sudistes à l'époque de la guerre de Sécession. En découle certes une victimisation de cette population et des opinions fort critiquables sur certains points ; mais le récit de l'Histoire du point de vue des vaincus m'a littéralement conquis. Au delà des évolutions politiques que cette guerre a permis de mettre en œuvre, on assiste à la perte d'un monde, à un renversement des codes sociaux, à la nécessité de s'adapter à un système très éloigné des normes du passé. Certains parviendront à se faire à leur nouvelle condition tandis que d'autres ne feront qu'errer dans ce monde qui n'est plus le leur. La plume de Margaret Mitchell est superbe ; l'autrice parvient à insuffler un romantisme sans équivoque à ses personnages qui sont toujours profonds sans jamais être lourds. Contrairement à la question de l'esclavagisme qui fait l'objet d'une vision dépassée, l'auteur développe une belle avance sur son temps à l'égard des femmes. Le personnage de Scarlett donne à voir quelqu'un de fort, d'intelligent, de tenace, d'indépendant, d'attaché à la terre ; autant de qualités méprisées chez la femme de cette époque. Ce sont ces mêmes qualités qui éveilleront l'admiration de Rhett car oui, "Autant en emporte le vent" est aussi une histoire d'amour. Concernant cet aspect de l'œuvre, je m'attendais à de l'eau de rose mais j'ai été agréablement surprise car ce n'est pas le cas, bien au contraire ! Je reconnais que je frétillais dès que les noms des amants se retrouvaient sur une même page, mais je crois avoir été davantage touchée par l'évolution des sentiments de Scarlett à l'égard de Mélanie, l'épouse de l'homme qu'elle croit aimer. Finalement, ce livre est une magnifique fresque historique assez éloignée de l'étiquette de « livre pour femmes » qui lui est attachée alors n'hésitez plus !
Au sujet de Scarlett O'Hara :
« Malgré la façon pudique dont elle avait étalé ses jupes, malgré l'air réservé que lui donnaient ses cheveux lisses, ramenés en chignon, malgré l'immobilité de ses petites mains blanches croisées sur son giron, Scarlett avait peine à dissimuler sa véritable nature. Dans son visage, empreint d'une expression de douceur minutieusement étudiée, ses yeux verts, frondeurs, autoritaires, pleins de vie, ne correspondaient en rien à son attitude compassée. Elle devait ses bonnes manières aux réprimandes affectueuses de sa mere et à la discipline plus rigoureuse de sa mama, mais ses yeux étaient bien à elle.