Mieux qu'une confirmation : après Le meilleur reste à venir, Avale, le nouveau livre de la nigériane Sefi Atta démontre qu'il va falloir désormais compter avec elle, dans le paysage romanesque africain. Elle y raconte avec une acuité extrême le quotidien d'une jeune femme dans le Lagos des années 80. Le harcèlement au travail, les mauvaises fréquentations, l'insécurité, la précarité financière ... Récit intime, souvent dramatique, nullement sinistre, car contre-balancé par une volonté de fer, celle de ne pas se laisser faire, de composer avec une société machiste, dans une ambiance de corruption généralisée et de lutte incessante entre les différentes ethnies qui composent le Nigeria. Louée soit l'écriture aérienne de Sefi Atta qui évite le désespoir, sans pour autant faire mine de croire en des lendemains qui hantent. Son héroïne, Tolani, est une battante, parfois abattue, jamais vaincue. Le style de la romancière est d'une énergie communicative, moderne, incisive, rageuse. Si Avale est une histoire éminemment nigériane, de par son contexte social et politique, sa portée est universelle, dans ce refus de céder à la loi du plus fort et de trouver sa propre voie, même en y laissant des plumes.