Deux points communs aux deux Yasmina Reza que j'ai lus à ce jour, Hommes qui ne savent pas être aimés et celui-ci : la difficulté à rentrer dedans, mais pour finir une petite musique singulière qui s'en dégage... Yasmine Reza a un style bien à elle, il produit son effet. Avec celui-ci, j'ai eu plus de mal encore à accrocher qu'avec le premier : personnages peu attachants, trop nombreux lors de la fête, impression d'une grisaille qui recouvrait tout. Ce qui m'a plu, c'est que Lydie soit chanteuse de jazz en amateur : il faut dire que mon métier est d'enseigner cette musique, essentiellement à des amateurs ! J'ai apprécié la justesse ce qui y est dit, pour une fois car le jazz génère un grand nombre d'idées fausses.
Mais c'est anecdotique, et surtout très personnel. Je disais, en tout cas, qu'il m'avait fallu fournir un gros effort pour tourner les pages, dans la première partie. La deuxième partie, le meurtre, m'a un peu plus captivé (normal). Les hésitations d'Elisabeth qui cherche finalement à sauver sa peau sont intéressantes à suivre. Bien aimé aussi ce meurtre assez banal, arrivé presque par accident, parce qu'on a trop bu et qu'on s'énerve tout d'un coup, alors que rien ne laissait présager cela dans ce couple qui semblait aimant. Le personnage de Jean-Lino, terne au possible, finit par retenir l'attention, ne serait-ce que par son apathie face à la situation.
Un roman qui ne manque pas de qualités donc... mais peut-être pas suffisamment pour effacer la pesanteur de la lecture dont je garde un souvenir tenace.
6,5