Baltimore par Laurent Doe

Nous sommes en 2013, il aura fallu 22 ans pour que ce chef d'oeuvre soit traduit en français, ce qui me rappelle que j'ai un gros défaut : je ne maîtrise pas la langue de Kendrick Lamar!
Mais cela valait le coup d'attendre, surtout qu'après 881 pages de bonheur, on a 54 pages de bonus (comme dans un dvd) qui nous permet de savoir ce que sont devenus ceux qui composent la brigade criminelle de Baltimore.
Le sujet : une année en immersion dans la brigade criminelle d'une des villes les plus violentes des USA, Baltimore dont seul Washington pouvait s'enorgueillir d'avoir plus de crimes en 1988, l'année de ce reportage dont David Simon en est l'excellent auteur.
Il a d'ailleurs vu ce livre adapté par Tom Fontana et Barry Levinson "Homicide" avant de s'en inspirer pour sa propre série "The Wire" (dois-je vous rappeler que c'est la meilleure série de tout les temps ?) écrite avec Ed Burns, un des inspecteurs de cette brigade criminelle.
Les faits décrits sont réels et c'est bien ça le pire, la réalité qui dépasse la fiction, un fait bien souvent reconnu mais malheureusement, bien vrai. Cela se lit comme une enquête avec un fil rouge mais ce n'est pas CSI ou NCIS, les enquêtes ne sont pas aussi simples et parfois on ne sait pas, c'est frustrant mais c'est la vérité, on ne peut pas tout savoir, tout comprendre sauf au cinéma et comme là, ce n'est pas le cas, on a parfois envie de jeter le livre de rage face à cette violence surtout qu'elle touche trop d'innocents car comme ils le disent si bien "quand c'est un dealer, c'est le jeu, on reste distant mais quand c'est un enfant, un passant qui était juste au mauvais endroit, au mauvais moment parfois on morfle dans notre chair et on rentre avec, et c'est dur de s'en détacher, trop.....".
Bien sur, cela n'est pas que sur les enquêtes, cela va dans le détail, les enjeux politiques dont la police est un de ces jouets, les procédures pour aller jusqu'au procès, les moments de doute, la camaraderie, rien n'est laissé au hasard et on a l'impression d'y être, ça vous prend au corps et ça ne vous lâche pas et on en demande encore malgré 937 pages donc si vous aimez lire, apprendre, savoir et si The Wire est un de vos bonheurs, il en est le complément idéal mais dans tout les cas, il est au final, indispensable.