Vous connaissez l'épervier ? Oui, ce jeu de cour de récré où on attrape l'un après l'autre ses petits copains pour qu'il n'en reste qu'un à la fin... Dans une ambiance nettement moins bon enfant, Koushun Takami décrit une uchronie glauque où ce jeu a lieu jusqu'à ce que mort s'ensuive.
Le Japon n'a pas perdu la 2nde guerre mondiale, ou alors dans des conditions moins défavorables que dans notre histoire réelle. C'est resté une dictature. Pour inciter les gens à se méfier de tout le monde a été mis au point le "Programme", qui consiste à débarquer une classe de 3eme dans un lieu clos, à leur fournir une arme à chacun et une seule consigne : il ne doit en rester qu'un.

Le lecteur va donc suivre les pérégrinations des 42 collégiens, qui vont user de stratégies différentes pour :
- tenter de ne pas participer
- participer activement
- tenter de fuir malgré tout.

Chacun d'entre eux a son moment, on suit particulièrement trois protagonistes qui décident de faire alliance vers le début de l'aventure.

Même si Battle Royale est hyper-violent (les morts sont toutes décrites avec précision), on ne peut s'empêcher d'être fasciné par la façon qu'a eu Takami de jouer avec les règles qu'il a lui-même écrites. Toute l'habileté du roman est là : à partir des postulats de départ, quelle sera la faille ? Et il faut bien avouer que comme dans un bon polar, je n'avais pas vu venir le dénouement. Comme dans un bon polar, Takami a joué avec mes nerfs et m'a poussé à lire vite pour connaître le résultat des phases d'action.

Pour accentuer le côté dramatique, le nombre de survivants est inscrit entre crochets à la fin de chaque chapitre. C'est une sorte d'horloge implacable qui délivre un "mini spoil" et renforce l'aspect fataliste de la mécanique du jeu.

Au chapitre des regrets, je mentionnerai juste un dernier combat cinématographique à tout prix, et un poil exagéré. Nous sommes dans un roman, mais il y a dans cette classe un nombre incroyable de surdoués hyper précoces...

Battle Royale va devenir, s'il ne l'est pas déjà, une référence du roman à suspens, à lire si la violence ne vous rebute pas trop.

Je voudrais aussi revenir, après lecture, sur une comparaison malheureuse que j'ai souvent vu avant : Battle Royale n'a rien, mais alors rien à voir avec "Sa majesté des mouches", si ce n'est que l'action se déroule sur une île. Dans un cas la situation est dûe au hasard, dans l'autre il s'agit d'une mécanique voulue, même si les protagonistes n'y participent volontairement dans aucun des cas. Dans" sa majesté des mouches", les enfants ont tous les âges et ne se connaissent pas, contrairement à la situation dans Battle Royale. Enfin, l'analyse des sentiments est beaucoup plus prononcée dans Battle Royale. Pour moi, Battle Royale n'est pas inspiré du roman de William Golding, ou alors de très très loin.
Minostel
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 29 avr. 2013

Critique lue 391 fois

3 j'aime

Minostel

Écrit par

Critique lue 391 fois

3

D'autres avis sur Battle Royale

Battle Royale
yavin
9

Instincts primaires

Les enfants sont formidables ! Cette maxime, Jacques Martin nous l'a répétée, micro à la main, sourire de vendeur de télé achat sur le visage pendant des années, lors de ces pénibles et interminables...

le 7 mai 2010

16 j'aime

Battle Royale
Yoth
10

« Eh bien, maintenant, laissez moi vous expliquer comment on joue, d'accord ? »

A peine les premières pages tournées, j'ai su que j'aurai besoin de papier. Et d'un stylo. Parce que même si la récurrence de certains finit par les rendre familiers, les noms et prénoms...

Par

le 5 nov. 2011

12 j'aime

Battle Royale
CatherineT
9

"Etes-vous prêt à tuer votre meilleur ami ?"

Cette question peut paraitre incongrue, voire cruelle pour certains. Comment penser, aujourd'hui dans notre société, à tuer une personne proche et amie de sang froid ? C'est pourtant la réflexion...

le 22 mars 2012

6 j'aime

Du même critique

La Party
Minostel
4

humour mal vieilli

Y'en a quelques-uns, comme ça... Ils ont une réputation longue comme le bras, sont devenus mythiques avec le temps, et ceux qui avaient 20 ans en 1970 vous en parle avec des étoiles dans les yeux et...

le 20 déc. 2010

21 j'aime

8

Jeanne d'Arc
Minostel
2

Critique de Jeanne d'Arc par Minostel

Comment repérer un mauvais film ? C'est celui où des protagonistes montés sur un chariot roulent au milieu d'un champ de blé battu par les vents. Oui, parce qu'au moyen-âge, il y a avait tellement de...

le 13 juil. 2011

17 j'aime

6

La Classe américaine
Minostel
5

pas bon, mais culte !?

C'est comme ça : les flims cultes ne sont pas toujours des bons flims, et les exemples ne manquent pas. Bien sûr que certaines répliques sont hilarantes, bien sûr que certaines scènes seront à jamais...

le 20 déc. 2010

17 j'aime

2