Je ne pensais pas qu'il fût possible de faire de la vie protéiforme de Beaumarchais un panorama aussi fade. À l'instar de plusieurs autres lecteurs, j'ai trouvé le style d'écriture agaçant au possible.
Avec ses paragraphes en phrases nominales.
De cette façon.
Tout le temps.
Et ses adages pompeux : « Nul n'habite longtemps le plus haut. » Retour à la ligne. Alinéa. Mise en exergue. Italique à tout va. (Ça en jette, non ?)
Et pour ne rien raconter. Pour faire genre. Pour épater une galerie qui n'a que faire de l'auteur Orsenna (il écrit sur lui-même parfois), qui souhaite seulement découvrir le dramaturge Beaumarchais. Parce qu'il y en a, de ces passages sans lien avec le sujet (ça parle de Pompidou, de Macron, de rites vietnamiens), ces petites digressions qui, si elles avaient été justifiées, auraient pu plaire ; mais elles submergent tout, coulent la biographie dans le marais profond d'une chronique d'époque peuplée de dizaines de personnages (elles ne font pas « vraies », ces figures historiques) dont on se moque éperdument en cet espace. Les contemporains de Beaumarchais ont ici, sous cette plume, l'ambition de devenir héros de roman. Ce genre d'hybridité m'ennuie.
J'ai abandonné l'alter ego de Figaro à la page 126, juste après la définition d'« affairiste », parce que c'est une affaire faite : ce livre n'est pas une bonne affaire.