10, pas moins.
Non pas que ce soit parfait hein, du tout.
On pourra par exemple s'insurger contre une fin décevante ou une misogynie à peine voilée.
Ou encore sur quelques personnages un poil trop caricaturaux, à savoir la famille de Solal qui semble vivre dans un cartoon ,bien loin des préocupations des autres acteurs du roman.
Mais c'est admirablement bien écrit, à la fois très riche et très fluide à la lecture. Les chapitres sans ponctuation sont merveilleux une fois qu'on est plongé dedans; ils traduisent avec une efficacité rare ce à quoi peut ressembler un flux de pensées chaotique. Pas un seul dialogue ne sonne faux, les descriptions de la Société Des Nations et de ses employés sont irresistibles grâce à leur humour goguenard et bon enfant. Et puis surtout, il y a cette vision du couple à nu, sans concessions, avec toutes ces petites pensées honteuses que l'on n'ose pas s'avouer et qui sont ici retranscrites frontalement, avec une crudité peu commune. Mais il y a plein d'autres trucs encore : une déclaration d'amour pour le peuple Juif , le personnage touchant du cocu de mari, une satire très amusante sur la bourgeoisie, et j'en passe.
Une oeuvre monumentale et colossale de plus de 1000 pages. Un livre somme, quasi définitif, sur la naissance et la mort d'une passion amoureuse. Le chapitre où Solal séduit Ariane grâce à ses "babouineries" est un chef d'oeuvre à lui tout seul. Bref, 10.