J'ai lu Beloved pour la première fois il y a de ça 6 ou 7 ans, car il était au programme de ma première année de licence. Je ne connaissais pas Toni Morrison, cette femme sans âge qui me souriait sur la quatrième de couverture, et je fis une première lecture très émotive, bouleversée par cette histoire tragique sur fond d'esclavage.
A 19 ans, Sethe est une jeune mère de 3 enfants, attend son quatrième, et ne souhaitant pas livrer ses enfants aux regards perverts de Schoolteacher et de ses neveux, à qui le premier enseigne les différences et similitudes entre les Noirs et les animaux, elle se joint à un plan qui réunit alors tous les hommes esclaves sur la plantation, dont le père de ses enfants, qui vise à les voir tous s'évader. L'un finira fou, un autre sera brulé vif, un troisième aura pour elle un parfum de seconde chance. Elle et ses enfants seront les seuls à parvenir à s'échapper.
Elle avait envoyé au devant d'elle ses trois enfants, les deux aînés veillant sur leur petite soeur d'à peine neuf mois. Ils arriveront avant elle chez Baby Suggs, la belle-mère de Sethe, qui elle accouchera d'une petite Denver sur le chemin, nommée après la ville d'origine de la jeune fille blanche qui l'aura aidée à accoucher.
Mais le bonheur de cette liberté dûrement gagnée aura vite un goût amer lorsque Sethe perd sa benjamine, à qui elle n'a pas encore donnée de nom, et qu'elle enterrera avec ce seul mot gravé sur sa tombe : Beloved (Bien-aimée). Seulement un fantôme viendra vite remplir l'absence qu'a laissée derrière elle Beloved, servant alors de révélateur aux maux familiaux, comblant les solitudes ou les renforçant...
A ma première lecture donc, si j'avais beaucoup aimé le livre, je n'en avais apprécié que l'histoire, l'émotion intense qui s'en dégage, les larmes qu'elle m'avait fait monté... Relisant cette année pour la deuxième fois ce roman, toujours pour mes études, j'ai pu également noter le style de Morrison, direct, qui utilise le langage de ses personnages, parfois jusqu'à épouser totalement leurs pensées.
Morrison dessine en filigrane un tableau de l'esclavage qui fait froid dans le dos. Ses personnages avec lesquels il est difficile de ne pas être empathiques restent longtemps gravés dans la mémoire. C'est un roman très beau que je ne peux que recommander vivement. Si possible en VO pour en conserver la beauté de la langue et le travail du style.