Quand les faibles s'élèvent à la hauteur de leur courage

Bénis soient les enfants et les bêtes est un court roman qui m'a prise à revers tant je ne m'attendais pas à aimer.


Des gosses de riches, mal-aimés et geignards, sont envoyés dans un camp de cow-boys en Arizona, histoire de les endurcir. Durant une nuit, l'une des dernières de leur séjour, ils s'échappent du camp pour mettre un terme à une situation qui leur semble inacceptable.


Pendant la première partie du roman, nous ne savons pas quelle mission ils se sont donnée et dans quel but, mais il ne s'agit pas d'une banale fugue pour échapper aux brimades de leurs camarades.
Chaque semaine, une tête d'animal empaillée ainsi qu'un surnom, celui d'une tribu indienne, sont remis aux vainqueurs d'épreuves sportives.
Notre petit groupe de 6 garçons âgés de 12 à 15 ans, bande de bras cassés, obtient régulièrement le titre de "Pisseux" assorti d'un pot de chambre. Offensés mais pas démontés, ils s'amusent à récupérer les trophées des autres par la ruse.


Mais ce qui va vraiment les faire briller aux yeux du lecteur, c'est toute la détermination qu'ils vont mettre dans leur mission, née d'un sentiment d'injustice, à savoir :


libérer une trentaine de bisons destinés à être abattus dans les pires souffrances par des apprentis-tireurs, un peu à l'instar d'un safari, mais dans l'Ouest américain.


Ados méprisés par leurs parents et les moniteurs du camps, pas très débrouillards et un peu couards, nos jeunes anti-héros vont pourtant faire acte de bravoure en dépassant tous les obstacles, afin de remplir une mission qui leur tient à coeur et qu'on ne peut que saluer, tant le dessein est noble.


Ici la violence se mêle à la réussite sociale. La violence est le pilier sur lequel s'est fondée la société américaine et ça continue, encore et encore. Glendon Swarthout montre comment on aplatit les faibles, comment on prive de liberté ceux qui n'ont pas voix au chapitre, comment on construit le mythe de l'ambition pour écraser les autres et se repaître du sang versé.


Contrairement aux autres gamins qui réussissent tout, qui rentrent dans les cases et tirent de leur force leur statut social, les 6 compères forment un groupe devenant peu à peu solidaire, où chacun apporte sa pierre à l'édifice pour mener une action bien plus noble et porteuse de sens, que toute cette parodie d'activités créées pour développer l'ambition au sein d'un camp où se jouent éternellement les rapports de force.


Un très bon roman initiatique (pas toujours très crédible si on cherche la petite bête) mais ô combien inspirant quand il s'agit de surmonter des échecs.

Jude
8
Écrit par

Créée

le 12 févr. 2022

Critique lue 46 fois

1 j'aime

Jude

Écrit par

Critique lue 46 fois

1

D'autres avis sur Bénis soient les enfants et les bêtes

Bénis soient les enfants et les bêtes
Jude
8

Quand les faibles s'élèvent à la hauteur de leur courage

Bénis soient les enfants et les bêtes est un court roman qui m'a prise à revers tant je ne m'attendais pas à aimer. Des gosses de riches, mal-aimés et geignards, sont envoyés dans un camp de...

Par

le 12 févr. 2022

1 j'aime

Bénis soient les enfants et les bêtes
Anaïs_Alexandre
7

Critique de Bénis soient les enfants et les bêtes par Anaïs Alexandre

Dans ce roman, on se transporte dans l'ouest américain où est situé un camp de cow-boys pour adolescents nantis. Six d'entre eux, envoyés là bas par leurs parents afin s’endurcir, se rassemblent car...

le 25 juin 2017

1 j'aime

Bénis soient les enfants et les bêtes
celestina
10

Bénis soient les enfants et les bêtes de Glendon Swarthout (éditions Gallmeister, collection Totem,

Ils sont six. Six « enfants » qui abordent la délicate période de l’adolescence dans l’Arizona de la deuxième moitié du XXe siècle. Six antihéros sensibles, inadaptés, des laissés pour compte...

le 12 mai 2018

Du même critique

Sur la route de Madison
Jude
9

Critique de Sur la route de Madison par Jude

Quand j'ai lu ce livre il y a un an, j'avais imaginé cette histoire dans ma tête au fil de ma lecture. Et c'est fou parce que le film correspond parfaitement à la représentation que je m'en étais...

Par

le 28 juil. 2011

6 j'aime

Eleanor Oliphant va très bien
Jude
9

Critique de Eleanor Oliphant va très bien par Jude

L'histoire est celle d'Eleanor Oliphant, jeune femme d'une trentaine d'années, comptable dans une boîte de design. Eleanor est "différente". Elle prend tout au premier degré et a beaucoup de mal à...

Par

le 16 sept. 2019

4 j'aime