Cela part sur une sorte de défi, un peu de potache. C’est intéressant au début, la connaissance de la campagne de Russie ayant été visiblement très bien travaillée par l'auteur, mais cela parait assez vite artificiel, avec ce parallèle entre la retraite de Russie de la Grande Armée, et le périple en side-car de Tesson et ses compères. Ce qui est agaçant, c’est cette idéologie rance qui est sous-jacente selon laquelle la souffrance et les conditions matérielles difficiles sont les garantes d’une pensée juste, plus humaine et plus vraie. Tout cela est vraiment du bullshit, avec en cascade une réflexion foireuse sur l’Occident corrompu par le bien-être et la vie facile. Dans le but de glorifier la Sainte Russie qui a tellement souffert et qui incarne les vraies valeurs. C’est franchement ras les paquerettes, totalement fantasmé et ne peut ni tenir lieu de réflexion politique et encore moins de discours de légitimation pour la Russie éternelle. Nostalgie de l’héroïsme des Grognards mis en regard avec la mollesse de l’Occident contemporain, surmoi viriliste qui exsude à chaque ligne, avec un brin de naïveté et de premier degré, au bout d’un moment on en a un peu ras-le-bol. C’est dommage car je pense que Tesson est un peu plus fin. Il manque à ce livre une dimension plus subtile, qui prenne un peu plus de recul avec ces notions traditionnelles d’héroïsme, de virilité, de grandeur morale… et nous bassine un peu moins avec la nostalgie de temps soi-disant glorieux.