2016 : premier roman de Nathan Hill, Les fantômes du vieux pays en VF, après 12 ans de travail sur le manuscrit et immense succès critique et populaire. 7 ans plus tard, l'auteur revient sur le devant de la scène avec son deuxième opus, un pavé lui aussi, dont le titre, Bien-être, dissimule une tonne de sujets traités, avec un axe central qui est l'usure inéluctable du couple. Il suffit de consulter les références à la fin de l'ouvrage pour comprendre que le romancier n'a eu de cesse de se documenter sur des thèmes aussi divers que la psychologie, la sociologie, la neurologie, la biologie, l'économie, la sexologie, la philosophie, la médecine, l'informatique, etc. Résultat : une multitude d'angles de vue, la plupart du temps originaux, qui racontent les relations humaines et l'évolution de nos sociétés, jusqu'à l'explosion des réseaux sociaux, les Fake News et le complotisme. Comme dans son premier livre, Nathan Hill ne craint pas les digressions et, quand il aborde une thématique, il l'étudie en profondeur et dans ses détails les plus inattendus, comme sur l'effet placebo, qui constitue sans doute le deuxième sujet du livre et qu'il applique avec virtuosité à l'idée de la famille, en général, de l'éducation, en particulier, et donc du couple avec ses malentendus, ses contradictions et ses contrariétés. Un mariage contient des caractéristiques de l'effet placebo, nous assure t-il, et il ne manque pas d'arguments ni de créativité pour le démontrer. Le début de Bien-être est adorable et délicat avec un jeune homme et une jeune femme qui s'épient mutuellement avant leur rencontre effective et leur certitude d'avoir trouvé l'âme-sœur. Le reste du livre va remettre ces prémices en question, avec un art consommé de la déconstruction narrative, par le biais d'une chronologie sans cesse chahutée dans laquelle on ne s'égare jamais. Le livre est le plus souvent excitant pour l'esprit et presque toujours passionnant mais il lui arrive, quand même parfois, de lambiner sur des passages trop didactiques qui s'étirent en longueur, d'où d'inévitables décrochages, que l'on pardonne, car l'auteur retombe toujours sur ses pieds. C'est surtout dans ses dialogues qu'il se montre le plus brillant, certains d'entre eux étant positivement hilarants. Le début du livre était romantique et émouvant ; la fin sera splendide avec deux grands flashbacks qui éclairent les traumatismes passés de ses deux personnages principaux et expliquent leurs difficultés dans une relation où la communication s'est brouillée et la passion s'est étiolée. Sauf que Nathan Hill sait parfaitement comment conclure et faire battre à nouveau notre petit cœur de lecteur. La littérature ne serait qu'un effet placebo de la vie ? Et alors ?