Lionel Shriver a le talent d'embarquer lectrices et lecteurs, au cœur des sensations les plus brutes de l’être humain, et de l’animal social.
Après lecture de trois de ses oeuvres, j'avoue mon admiration du fond comme de la forme.
Elle aborde dans ce roman dédié à son frère (mort d’une obésité morbide), le sujet de la nourriture, les rapports névrotiques au corps et la thématique des liens intra familiaux, en écho au mode de vie américain qu’elle ne manque jamais de décrire de façon radicale.
La nourriture est déclinée dans ses saisons pulsionnelles, entre le moins et le plus, excès de contrôle ou excès de déprise, sous le prisme de la conjugalité (fascisme nutritionnel du conjoint) et de la fraternité (obésité suicidaire de son frère).
Le style est percutant, fait pour l’essentiel de dialogues, qui tissent une intrigue haletante, avec un twist final qui pourrait annoncer son tout dernier livre, ‘à prendre ou à laisser’, également très lucide sur autre sujet tout aussi essentiel que celui de la vieillesse et de la mort.