Même s’il ne tue que des méchants, Billy Summers est bien un tueur à gages qui prend son métier très au sérieux. Et lorsqu’il n’a personne dans sa ligne de mire, il tue le temps en écrivant sa biographie et en lisant Thérèse Raquin. Mais en cachette car pour faire croire qu’il n’est pas très malin, il lit les BD d’Archie et joue volontiers les idiots. (Référence de King subtilement symbolique puisque la morale de l’ouvrage de Balzac est que le crime ne paie pas et que les meurtriers, par leurs remords, endurent un calvaire…)
Encore un formidable roman de S. King où il laisse de côté le surnaturel et le fantastique pour nous servir un thriller bien noir. Narrateur intarissable et incomparable il nous emmène dans la vie bien réglée de Billy où par son talent il nous force à nous attacher à ce tueur froid et implacable. Magistralement assisté par des personnages secondaires parfaitement campés et hautement crédibles, dont une inénarrable autre tueuse, le récit est jouissif au possible et totalement addictif, avec une fin digne d’Agatha Christie… En filigrane, les thèmes récurrents de King : les tourments de l’écrivain face à sa créativité ou l’écriture comme thérapie, l’Amérique qu’il aime, celle des petites gens dans des villes où on ne se tire pas dessus - avec quelques solides piques envers Trump- et les références subtiles, ou pas, à ses romans précédents. On aime ! Beaucoup !