"Avec la côte qu’IL avait prise à ÈVE, il façonna Adam et IL l’amena vers elle." (Gn 2, 22) bis


Hi, hi ! Et oui, il va falloir revoir le "Livre" ! Parce que l’ancien a été écrit, semble-t-il, par quelque phallocrate pas très instruit de la chose !

D’après David Crews (professeur de zoologie et de psychologie à l’Université du Texas à Austin) : « Le premier organisme reproducteur devait être capable de produire des œufs, c’était donc une femelle. » Il se reproduisait par clonage. Les mâles ne sont arrivés sur la scène de l’évolution qu’à l’aube du sexe, quand la taille des gamètes a divergé, c’est-à-dire, selon les estimations de Crews, deux cent cinquante à trois cent cinquante millions d’années plus tard !

Eh, les mecs ! Toujours d’après Crews : « Quand les mâles ont débarqué, leur tâche était de faciliter la reproduction chez la femelle. De stimuler et de coordonner les processus neuroendocriniens qui sous-tendent la libération de gamètes. Les mâles sont des facilitateurs comportementaux. »

En fin de compte, le stéroïde sexuel “femelle” joue un rôle crucial même chez les mâles, parce qu’à l’origine, les mâles étaient des femelles. « Au commencement était la femelle, et d’elle, le mâle est apparu. »

Ça en bouche un coin ! Mais en fait, c’est logique et "normal", simplement on n’y avait jamais réfléchi. Tellement immergés dans notre société patriarcale. Machos que nous sommes !

Moi qui en étais resté à mon ancêtre "Cro Magnon" faisant des moulinets avec son gros gourdin, en bombant le poitrail, pour défendre, des périls du vaste monde, sa(ses) femme(s) craintive(s)… j’avais (presque) tout faux ! C’est Lucy Cooke qui le dit ! Ah mais ! Mais elle dit tellement de choses que c’est la cinquième fois que je (re)condense mon papier pour "l’alléger" (3800 mots, quand même).


Lucy Cooke est née en mars 1970 dans le Sussex. Elle est diplômée en zoologie de New College, Oxford, où elle a travaillé sous la direction de Richard Dawkins. À part ça elle "bricole" un peu, elle est … Zoologiste, productrice de télévision, documentariste, photographe, réalisatrice de télévision, écrivaine, animatrice de télévision, réalisatrice, etc. etc…


Son idole ? Charles Darwin !

C’est en 1859 – en pleine période victorienne – que Charles Darwin publie son Origine des espèces.

Où il montre que toutes les espèces vivantes ont évolué au cours du temps suivant le processus de sélection naturelle, selon laquelle : « Les organismes les mieux adaptés à leur environnement sont plus susceptibles de survivre et de transmettre les gènes qui ont contribué à leur succès. »

Mais quelque chose le tracasse et il finit par comprendre qu’il devait y avoir un autre mécanisme évolutif à l’œuvre : la quête de partenaires sexuels. Il appela donc ce mécanisme « la sélection sexuelle ».

Mon ancêtre ne joue pas du "casse-tête" uniquement pour éloigner un rival, mais aussi pour séduire ces dames, pour faire le beau et le brave !


Alors, ça donne quoi ?

Qu’est-ce qui fait qu’un mâle soit un mâle et une femelle, une femelle. Hein ?

Ne répondez pas tous à la fois ! Tout le monde sait ça…

Les femelles ont une vulve et un vagin et les mâles, un gros zizi. Ça se voit !

Sauf que…

Et c’est là où on rigole !

Prenez la taupe femelle et son « clitoris pénien » tellement agrandi qu’il est impossible de la distinguer d’un mâle. Ou les singes-araignées qui, s’ils arborent un long membre pendouillard, sont des femelles avec leur « pseudo-pénis ». Quant à la hyène tachetée femelle, non seulement elle est dotée d’un clitoris d’une vingtaine de centimètres de long, formé et positionné exactement comme le pénis du mâle, mais elle peut avoir des érections.

Bon, je vous vois venir, petits malins, avec des hormones sur un plateau !

Sauf que...

C’est une idée fausse très répandue. Il n’existe rien de plus inexact qu’une hormone “mâle” ou une hormone “femelle” :

« Nous avons tous les mêmes hormones […] Tout ce qui différencie les mâles et les femelles, ce sont les quantités relatives d’enzymes qui convertissent les stéroïdes sexuels l’un dans l’autre, ainsi que la distribution et la sensibilité des récepteurs hormonaux. »

Je ne vous cache pas que je n’ai pas bien saisi toute la subtilité de la chose. Mais j’ai retenu que « La testostérone n’est pas une hormone “mâle”. C’est juste une hormone dont l’expression est plus manifeste chez les mâles que chez les femelles ».

Bien, le sexe apparent, ce n’est pas sûr. Les hormones, c’est flou. Alors, sortons la grosse artillerie : les gènes et les chromosomes !

Chez de nombreux animaux (dont les mammifères, comme nous), les femelles ont une paire de chromosomes XX et les mâles, XY ! Il suffit de leur demander.

Sauf que…

Apparemment le chromosome Y s’atrophie avec le temps et devrait finir par disparaître. Deux espèces, un rat japonais et un campagnol du Caucase, sont aujourd’hui connues pour avoir complètement perdu leur chromosome Y sans y avoir laissé leurs testicules 😊

En Amérique du Sud, il existe neuf espèces de campagnol du genre Akodon chez lesquelles un quart des femelles sont XY, et non XX. Mais cela ne les empêche pas de développer des ovaires et de produire des ovules viables.

Quant aux grenouilles rousses, très répandues, certaines sont des mâles XY ou des femelles XX classiques, mais on rencontre également des femelles XY et des mâles XX. De l’extérieur, ces grenouilles ont l’air soit mâles, soit femelles, mais au niveau des gonades, c’est une autre histoire.

C’est Diafoirus qui en perd son latin ! (Et encore il ne connaissait pas "Serranus tortugarum", un poisson caribéen bleu-néon de la taille d’un pouce humain, qui change de sexe jusqu’à vingt fois par jour !).

Je vous laisse découvrir le cas de l’agame barbu, un reptile impressionnant d’Australie, dont les mâles peuvent naître femelles si leurs œufs ont pris un coup de chaud… tout en conservant leurs chromosomes, évidemment ! De même pour les tortues aquatiques. Elles vont enterrer leurs œufs dans le sable des plages tropicales. Les œufs incubant à une température supérieure à 31 degrés formeront des ovaires, tandis que ceux incubant à des températures inférieures à 27,7 degrés fabriqueront des testicules. Je vous laisse imaginer ce qui se passe entre 28 et 31° !

Peut-être est-ce le moment de citer Theodosius Dobzhansky, le père de l’écophysiologie. « Il faut renoncer à l’idée que c’était écrit à l’avance. Rien n’est écrit à l’avance. Nous sommes tous en permanence ballottés par les forces de l’évolution. »


Bon, allons voir sur le terrain comment ça se passe !

Un lek, ça vous dit quelque chose ? Moi j’appelais ça « La foire aux mâles ! » Oui, oui, on a les nôtres !

Prenons un exemple, celui complètement farfelu du tétras des armoises, un oiseau nord-américain, de la taille d’un gros poulet. Au début du printemps, les tétras mâles célibataires se rassemblent en grand nombre dans une sorte de soirée disco pour tétras où ils pavanent sur une invraisemblable bande son de leur cru. Un spectacle délirant !... Et ça marche ! Les femelles arrivent et font leur marché, et c’est là que se situe la « sélection sexuelle » citée au début, car… « seuls quelques heureux célibataires domineront la scène des amours : soixante-dix à quatre-vingts pour cent des copulations […] y sont attribués à seulement dix à vingt pour cent des mâles. »

Eh, les mecs ! Vous n’auriez pas en tête l’image du lion majestueux et fier veillant jalousement sur son harem ? Remettons les choses à leur place : « Il n’est pas inhabituel de voir une lionne fausser discrètement compagnie à son partenaire […] la lionne est connue pour s’accoupler jusqu’à une centaine de fois par jour avec de multiples mâles pendant l’œstrus. » Voyez-vous ça !

Et chez les oiseaux ? Les fameux "deux pigeons qui s’aimaient d’amour tendre…" Il s’avère qu’il y a tout un monde entre la monogamie sociale et la monogamie sexuelle. Les oiseaux pratiquent très strictement la première : chez certaines espèces, les individus forment même des couples à vie. Mais sexuellement, c’est une autre histoire…

Depuis une éternité, on me rebat les oreilles avec les meurs "dépravées" des bonobos ! Foutaises ! « Une femelle chimpanzé à l’état sauvage […] se livrera avec avidité à quelque six mille copulations, voire plus, avec des dizaines de mâles. » Nous sommes loin de la monoandrie, et ne soyons pas bégueule, apparemment beaucoup de femelles concernées y prennent un certain plaisir !

Évidemment, puisque ce livre parle du POUVOIR des femelle on ne peut ignorer les dites femelles CANNIBALES ! À lire absolument les rapports sexuels homériques de la néphile dorée avec son minuscule mâle (125 fois plus léger que sa "compagne") ou encore de la mygale « mangeuse d’oiseaux » (30 cm d’envergure) dont l’accouplement tient du combat de gladiateurs (sic)

Si les araignées trucident généralement leurs amants, chez les canards, le mouvement #MeToo n’a pas encore fait d’adeptes : « Chez les colverts, quarante pour cent des copulations sont forcées. » Mais les violeurs ont beau faire « seuls deux à cinq pour cent des canetons sont issus de ces accouplements contraints » ! Madame cane reste maîtresse de la situation !

Quant à la vie sociale, tout un chapitre vous explique la complexité très humaine – et hiérarchisé – de la société des babouins, divisée en castes où il ne fait pas bon appartenir à la classe des femelles de bas étages car c’est à vie et se transmet de générations en générations et a pour conséquence une mortalité infantile (et des mères) nettement supérieure à celle qui sévit chez les femelles de haut rang.

On ne peut pas négliger le champion des documentaires animaliers, cet adorable petit mammifère, rigolo comme tout qui fait le pitre dans les plaines désertiques du Kalahari, au sud de l’Afrique. J’ai nommé le suricate. Qui n’a pas présent en mémoire l’image inénarrable de ces drôles de petites bêtes, qui se dressent, tour à tour, sur leurs pattes arrière pour scruter l’horizon avec un sérieux on ne peut plus désopilant ?... Des amours de clowns…

« Les suricates vivent en groupes de trois à cinquante individus au sein desquels une unique femelle dominante monopolise quatre-vingts pour cent de la reproduction. Le reste de la bande – les membres de sa famille, ses descendants et quelques mâles itinérants – aide à défendre le territoire, assure des fonctions de sentinelle, d’entretien du terrier, de baby-sitting et même d’allaitement auprès des petits de la dominante. » Mais attention, la "femelle dominante" est une véritable despote qui fait régner une tyrannie sanglante. Son but est d’empêcher toutes les femelles de sa famille de se reproduire sous son règne, et de les enrôler pour s’occuper de ses petits à la place. Sous le règne d’une dominante, toute femelle qui a atteint la maturité sexuelle et pourrait envisager de devenir mère est chassée de la bande avant même d’avoir pu essayer. Sinon « La subalterne gestante se fait expulser sans cérémonie. Le stress qui en résulte provoque généralement un avortement spontané. Si cette suricate parvient au terme de sa gestation sans se faire détecter et qu’elle met bas dans la tanière, la matriarche tue et mange les petits importuns – très souvent ses propres petits-enfants –, et bannit la mère du groupe. »

Une étude sur la violence létale chez plus d’un millier de mammifères différents a révélé la vérité sur cette espèce de mangouste : c’est le mammifère le plus meurtrier de la planète – il ravit même aux humains (Rien que ça !) la première marche de ce cruel podium. « Nul dieu n’aurait créé un système aussi sanglant et imparfait. Mais c’est ce qu’a fait l’évolution et, d’une façon ou d’une autre, non seulement ce système fonctionne, mais il est extrêmement performant. »


Et que dire des insectes sociaux où les femelles pratiquent la reproduction communautaire ? Comme chez les fourmis, les abeilles, les guêpes ou encore les termites dont les sociétés sont une merveille de totalitarisme procréatif : seule une femelle sur des dizaines de milliers y aura la possibilité de devenir mère un jour. Ainsi chez les termites de l’espèce Macrotermes bellicosus la reine doit être nourrie, et son corps gargantuesque nettoyé, par une légion d’ouvriers, ce qui lui permet de consacrer toute son énergie à pondre un œuf toutes les trois secondes environ, vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept, jusqu’à vingt ans durant. Avec un débit de plus de vingt mille œufs par jour, elle est donc capable, en théorie, de produire quelque 146 millions de termites au cours de sa vie, ce qui fait d’elle l’animal terrestre le plus performant de la planète sur le plan reproductif.

J’avais initialement l’intention de négliger le "rat-taupe nu"… mais réflexion faite, son cas mérite également d’être cité au même titre que les suricates et les termites. Comme eux, il vit en colonie occupant un vaste réseau de galeries sous-terraines dont certaines atteignent plusieurs kilomètres de long, sous les prairies arides d’Éthiopie, de Somalie et du Kenya. Ces colonies peuvent compter jusqu’à trois cents individus. Ils sont d’une laideur exceptionnelle, sorte de saucisse rose à pattes à l’aspect phallique munie d’une tête aux allures de casque, équipée de deux paires de dents jaunes d’une longueur terrifiante qui font saillie. Seul mammifère connu à sang froid, il est apparemment immunisé contre le cancer, capable de survivre dix-huit minutes sans oxygène et ne ressent pas la douleur. Ce rongeur quasi invulnérable peut vivre plus de trente ans, soit huit fois plus qu’attendu pour un animal de sa taille. Mais « 99,99 pour cent des membres de la colonie ne se reproduiront jamais » : ils vivent sous la tutelle d’une matriarche despotique qui seule assure la reproduction de la colonie.

« Contrairement aux suricates, les rats-taupes subordonnés ne bafouent jamais l’interdiction de reproduction en copulant en douce. Cela leur est impossible : la reine a tué dans l’œuf toute idée de procréation en arrêtant leur développement sexuel. Qu’ils soient mâles ou femelles, les subordonnés sont coincés dans un état prépubère. Ils ne développent même pas d’organes génitaux matures. »

Mais si pour une raison ou une autre la reine ne peut plus assurer sa tyrannie, c’est la foire d’empoigne. Dans la semaine qui suit, son absence va déclencher la maturation sexuelle des femelles qui occupent les rangs supérieurs puis, très vite, on assistera à des scènes dignes de Game of Thrones. « Quand on joue au jeu des trônes, soit on gagne, soit on meurt. » Elles se disputent le trône, et elles tueront n’importe qui, ou alors elles mourront dans cette lutte. C’est archi-brutal, les galeries se couvrent du sang des belligérantes.

« Les rats-taupes nus n’ont d’existence que dans et par la collectivité. Ils ont évolué pour prospérer dans l’environnement le plus inhospitalier que l’on puisse imaginer en se regroupant, en se répartissant le difficile boulot de la survie, en se partageant les tâches. Leur société est une incroyable pub pour la coopération, mais elle incarne aussi le despotisme reproductif. »


Et comment ça se passe chez les primates ?

Chez les lémurs catta (Madagascar), il semble bien que les mâles aient « peur des femelles » à cause de leur attitude « effrayante ». Les lémurs catta seraient les seuls primates non captifs « chez lesquels on puisse dire que toutes les femelles sont dominantes sur tous les mâles ».

Pendant des décennies (des millénaires ?), par anthropomorphisme, on biaisait les observations pour attribuer aux mâles la domination et aux femelles la passivité. Ce qui était perçu comme le prototype de toute communauté primate. « Leur comportement est en réalité extrêmement dérivé, adapté pour répondre à des défis environnementaux spécifiques, et loin d’être représentatif. Les sociétés primates en général sont bien plus diverses que le modèle patriarcal familier auquel obéissent celles des babouins et des chimpanzés. »

Le célèbre primatologue Frans de Waal (1) rapporte l’observation de Mama, femelle alpha de la colonie captive de chimpanzés qu’il étudiait à Arnhem, aux Pays-Bas : « Si, chez les chimpanzés, le mâle alpha est officiellement la figure politique dominante, aucun mâle ne pouvait s’élever dans la hiérarchie et dominer le groupe sans le soutien de Mama, ce qui conférait à celle-ci un pouvoir énorme. Il se peut que les mâles aient accaparé l’attention avec leurs hurlements et leurs bagarres, mais Mama était, sans aucun doute, "la boss" ».

D’après de Waal, dans un groupe de femelles, celles-ci décident de l’individu alpha en lui manifestant leur soumission. Les hiérarchies sont stables et rarement disputées. Elles reposent sur « un respect venant d’en bas ». Alors que chez les mâles le rang repose sur la force physique et sur des coalitions tactiques avec d’autres mâles. Le statut de mâle alpha est extrêmement instable. « Les luttes de pouvoir impliquent en général des alliances complexes et mouvantes, que de Waal a comparées aux manœuvres politiques des humains. » 😉

Et quand les tensions entre mâles devenaient critiques, les combattants se tournaient vers Mama qui avait tôt fait d’apaiser tout le monde en… toilettant le vaincu !

Contrairement aux femelles chimpanzés, formant une diaspora de femelles adultes esseulées, les femelles bonobos se joignent à des groupes et forment des alliances avec des femelles non apparentées. Cette sororité leur donne le pouvoir de dominer les mâles plus grands. Elle est édifiée et entretenue par ce que les scientifiques nomment le « frottement génito-génital ». En d’autres termes, au fil de l’évolution, les femelles bonobos sont parvenues à renverser le patriarcat en perfectionnant l’art du frottage mutuel, par lequel elles nouent des relations stables à long terme et forment des coalitions. Contrairement aux chimpanzés mâles, elles n’utilisent pas ces coalitions pour se battre entre elles mais pour neutraliser des mâles agressifs.


Au fait vous savez que de grands cerveaux se sont grattés le cuir chevelu au sujet de la ménopause ?

Oui, mesdames ! Figurez-vous que c’est un phénomène très peu répandu ! Généralement les femelles restent fertiles jusqu’à la mort. À moins que ce ne soit la fin de la fertilité qui entraine la mort à court terme… Les orques et les humains font exception. Pourquoi les humains ? Deux théories s’affrontent, l’une machiste, l’autre… féministe (comme c’est drôle).

L’une, donc, affirme que la ménopause des femmes est le résultat du fait que les hommes préfèrent les jeunettes, ou les jouvencelles, si vous préférez. Un modèle mathématique très sérieux a démontré que ce non moins sérieux penchant « provoque le rabougrissement puis la mort des ovaires des femmes plus âgées ». Rien que ça !

L’autre théorie, basée sur l’observation des sociétés de chasseurs-cueilleurs dite "l’hypothèse de la grand-mère" montre que les femmes « qui consacrent toute leur énergie à soutenir leurs enfants (et leurs petits-enfants) plutôt que de pondre toujours plus de bébés, augmentent significativement les chances de survie de leur progéniture et, de ce fait, leur propre héritage génétique. »

Et les orques ? Il semblerait bien que la première hypothèse n’ait pas droit de citer chez elles car « les orques post-ménopausées sont de vraies cougars sur le plan sexuel… » ce serait plutôt l’inverse ! Elles cessent de se reproduire à la moitié de leur vie afin de pouvoir investir dans leurs fils et petits-fils (et de ne plus être en compétition avec leurs filles et petites-filles). Sympas les grands-mères orques ! NON, non, ne souriez pas en brandissant l’anthropomorphisme. Elles auraient beaucoup à nous apprendre, leur cerveau est bien plus volumineux et complexe que le nôtre et possède un lobe inconnu chez nous – le lobe "paralimbique" – dont le rôle nous stupéfierait si nous nous étions capable de le déchiffrer totalement.


Et puisqu’on parle du pouvoir des femelles, citons… une espèce exclusivement femelle de lézards capables de se dupliquer… Elles ont définitivement résolu le problème des scènes de ménage ! Ce sont les geckos demi-deuil, une espèce constituée exclusivement de femelles où les mâles n’existent pas ! Elles se reproduisent par clonages.

Et je ne vous parle pas des pucerons pour qui, en début d’été, une seule femelle donne naissance à une centaine de femelles qui, à leur tour… en théorie une femelle peut engendrer une centaine de milliards de descendantes, mais ce serait sans compter avec les coccinelles !

Je ne vous parle pas non plus des rotifères bdelloïdes, ces vers plats, toutes femelles, qui vivent dans les eaux usées, la fange et les détritus et se nourrissent de déchets. Ça fait quatre-vingts millions d’années qu’elles vivent en se clonant et en régénérant leurs gènes en puisant dans les « déchets organiques » de leur environnement !...

Quand on voit comment ces petites bestioles peuvent survivre plusieurs année à des conditions extrêmes de sècheresse et de radiations, on est effaré par les qualités de résilience de la vie et on s’interroge sur la possibilité qu’elle n’existerait que sur notre planète. Mais ayons conscience que « Si nous nous obstinons dans la voie de la guerre et de la destruction, l’avenir sera femelle, voilà qui est certain : il ne restera plus que les rotifères bdelloïdes ! »


Pour conclure, rappelons que les paradigmes sont tenaces, surtout lorsqu’ils sont imprégnés de préjugés culturels et religieux, vieux de plus de deux millénaires. D’une influence irrésistible, ils peuvent éblouir les scientifiques les plus minutieux, limitant notre façon de voir le monde. Souvenons-nous d’Aristote, pour qui « un mâle est mâle en vertu d’une capacité particulière, une femelle est une femelle en vertu d’une incapacité particulière » ! (2) Alors quand Charles Darwin publie ses théories sur la sélection naturelle et sexuelle, il y a cent cinquante ans, en plein cœur de l’austérité victorienne, phallocratique et misogyne, il est bridé dans ses avancées. De même, les scientifiques en arrivent à biaiser leurs observations pour respecter les paradigmes en vogue depuis des siècles : les rôles sexuels étaient figés, il y avait d’un côté les femelles passives et difficiles à séduire, et de l’autre, les mâles conquérants et en compétition. De sorte dans la danse du sexe, les femelles sont toujours guidées par les mâles et ne valent donc pas la peine d’être étudiées. Les choses seraient-elles en train d’évoluer ?


Ô Mecs, mes frères, lisez ce livre !

Féministes ou pas, sexistes ou pas, vous n’en sortirez pas indemne.

On a beau faire, « nous sommes tous culturellement conditionnés pour interpréter le monde à travers un cadre qui est à la fois profondément enraciné en nous et extrêmement personnel », mais une fois tournée la dernière page, vous ne regarderez plus votre petite amie, votre compagne, les homos, les trans, etc... de la même façon, mais sans doute avec plus de compréhension de tolérance et… d’autocritique !




(1) https://www.senscritique.com/livre/sommes_nous_trop_betes_pour_comprendre_l_intelligence_des_animaux/critique/287138527.

(2) https://www.senscritique.com/livre/l_homme_prehistorique_est_aussi_une_femme/critique/233402317.


Philou33
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le 28 oct. 2024

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