Andrée A. Michaud a une sacrée écriture : belle, fine et poétique. Elle invente presque une langue en mélangeant le québécois, le français et l'anglais comme si ça allait de soi. C'est assez remarquable et très réussi même si au départ ça peut dérouter. Une écriture qui m'a beaucoup plu et qui fait toute la saveur de ce roman policier.
L'histoire nous est à la fois racontée par une jeune fille de douze ans, Andrée, qui assiste de près et de loin à l'enquête, espionnant les faits et gestes des adultes qui préfèrent dans un premier temps lui cacher la vérité pour finalement la mettre dans la confidence. A peine sortie de l'enfance, elle ressortira grandie de cet été qui la marquera à jamais.
Andrée A. Michaud est incroyablement douée pour se mettre dans la peau de ses personnages et pour les faire vivre. Notamment le personnage du policier qui mène l'enquête m'a beaucoup ému. L'été 1967 sera un cauchemar pour lui. Il devra puiser toutes ses forces, quitte à y laisser une partie de son âme pour parvenir à arrêter le meurtrier.
Même si le déroulement de l'histoire est plutôt lent, Andrée A. Michaud a su crée une véritable ambiance autour de ce lac et de cette forêt au sombre passé. Impuissance et peur s'installent progressivement parmi les habitants. Et c'est l'autre grande réussite de ce roman. On y croit : c'est l'été, il fait chaud, une chape de plomb s'abat sur ce lac et un tueur rôde. Chaque famille n'ose plus sortir de son chalet, hormis les hommes qui n'attendront pas la police pour traquer eux-même le tueur de leurs enfants. Malgré l'entraide apparente, c'est aussi la suspicion qui gagne la petite communauté. La sombre légende qui entoure ce lac est bien amenée et joue son rôle à la perfection.
Bondrée est une véritable perle noire dont l'ambiance si bien recherchée devrait me laisser un très long souvenir.
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