Lecture de cet été - été de mes 17 ans. Été solitaire aux nuances saphiques, DragRace France, chaleur effrayante... j'avais en tête le contexte de la parution de Bonjour tristesse, et je pensais en être trop éloignée pour ressentir le foudroiement de son succès dans mon corps, dans mon histoire.
Pourtant, force est de constater qu'aussitôt en le lisant j'ai compris Cécile, un peu malgré moi il est vrai. J'ai compris l'époque, le père, la vie parisienne délaissée le temps de quelques mois. J'ai compris ce malaise adolescent, cette haine féroce et honteuse, j'ai compris l'envie de courir rejoindre Cyril sur la plage.
J'ai aussi - mais ça va de soi - méprisé, et même, parfois, haï Anne à travers le regard de Cécile. Et pourtant, je l'ai comprise, elle aussi, je crois. Ou du moins, je l'ai aimée, elle. Femme aux ultimes rêves brisés par une enfant, elle est la véritable incarnation tragique du roman, elle inspire à ces quelques pages une tension signifiée, jusqu'à cette fin...
Bonjour tristesse est un de ces romans où il ne se passe pas grand chose et que l'on adore pas nécessairement en les lisant pour la première fois, mais qui laissent des paysages si vifs, des empreintes si fortes qu'ils méritent leur statut de, il faut le dire, chef-d'œuvre.
D'un point du vue purement stylistique, c'est bel et bien un premier roman (écrit en six semaines !). J'y ai trouvé quelques longueurs (en 150 pages). Assez prodigieux, tout de même, par cette justesse, par cette simplicité qu'une Sagan si jeune a su insuffler à ces personnages de bourgeois désabusés. Quelques phrases particulièrement bien rythmées et drôles ("Je regardais sa bouche, gonflée de sang, si proche... Je ne me sentais plus intellectuelle"), qui sont l'œuvre sans nul doute d'un grand talent.
En somme, c'est une lecture marquante, estivale, puissante. Un véritable portrait de jeunesse, doté d'un tout petit je-ne-sais-quoi d'intemporel.
À lire, donc, de toute urgence.
Et à relire quelques vingt ans après, pour voir.