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Un universitaire (musicologue et orientaliste) vient d'apprendre qu'il souffre d'une grave maladie. Le soir même, il est frappé d'insomnie. Ce livre est la retranscription de son monologue intérieur de 22h à 6h du matin.
C'est un monologue et rien que cela. C'est le récit dense et peu digeste d'une personne seule, qui fait le bilan sur sa carrière, ses voyages et ses amours.Il faut reconnaître que l'auteur arrive à créer un peu de suspens (à travers l'histoire d'amour notamment), que l'on navigue sans se perdre entre les souvenirs du héros et que l'enchaînement des idées est limpide.
Mais j'ai trouvé la lecture difficile. Je n'avais pas spécialement envie de retrouver ce livre tous les jours. Il y avait trop de références et d'anecdotes et toutes sont loin d'être particulièrement intéressantes (certaines sont même carrément incompréhensibles et inaccessibles). Le narrateur universitaire étale sa science dans ses mémoires et parfois certaines digressions apparaissent comme de la pure pédanterie sans lien avec le propos. Mais parfois, le narrateur évoque un poème, un concerto ou un tableau et si on se donne la peine d'aller chercher plus d'informations sur ces oeuvres mentionnées, on peut découvrir de beaux trésors. J'ai ainsi découvert le poème "La Caravane" de Théophile Gautier et le morceau "Le Désert" de Félicien David.
Il y a tout de même des passages très intéressants sur la naissance du Djihad (initialement promu par les Allemands pour affaiblir les colonies française et anglaise lors de la 1ere guerre mondiale), sur la révolution iranienne de 1979, sur les diplomates et les universitaires, sur la présence allemande en Chine... des miscellanées visant à démontrer que les liens entre l'Europe, l'Orient (le moyen Orient) et l' "Orient de l'Orient" (Inde, Chine, japon) sont nombreux, fertiles, historiques. Les représentations de l'Orient par l'Occident influencent l'Orient lui-même qui va, plus ou moins consciemment, se construire pour se conformer à la vision de l'autre. L'Occident a besoin de l'Orient pour se penser et se renouveler (dans les domaines de la peinture, de la musique, de la philosophie). Tous ces échanges entre Est et Ouest sont mouvants, à double sens et nécessaires aux deux cultures.
En conclusion, un roman qui intéressera uniquement ceux désireux d'avoir une conversation pleine d'érudition avec un universitaire orientaliste. Très peu d'aventure et un peu d'amour ne suffiront pas à contenter ceux qui cherchent une histoire pleine de rebondissements (rien à voir avec le précédent roman du même auteur "Rue des Voleurs"). Quant à ceux qui voudront lire ce roman en croyant y trouver un écho avec l'actualité en Syrie, ils seront déçus tant cet écho est érudit et elliptique.
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Créée
le 27 oct. 2015
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