Les prédécesseurs de Laurel et Hardy ?
Bouvard et Pécuchet : déjà, le nom donne une image assez peu glorieuse des deux héros. Héros, et c'est le cas de le dire ! Comme le souligne la description, ce livre est une Odyssée et pas des moindres : celle de la bêtise.
Dans cette épopée, nos deux amis s'éprennent l'un de l'autre, s'installent ensemble et commencent à parcourir l'immensité du savoir humain. Rien n'y échappe : le jardinage, l'éducation, la philosophie, l'archéologie, la littérature, la religion, la phrénologie, l'Histoire, la médecine, et j'en passe. Tantôt croyant à des fariboles (phrénologie), tantôt citant des auteurs inconnus car mauvais ; tantôt même semblant tenir des discours intelligents. Ce qui m'a plutôt surprise ; cela s'explique sans doute (outre parce que je ne suis pas cultivée) par le fait que le ridicule passe par les pseudo-discours éloquents et la bêtise des autres personnages. Bouvard et Pécuchet, grands artistes incompris, ne pouvant compter que l'un sur l'autre et se faisant même embobiner par des femmes !
Tout cela est fort amusant, mais je dois admettre que je m'attendais à un peu plus qu'à une successions d'actions (passions ?) désastrueuses ou peu concluantes sans lien apparent, ou alors à un peu plus de drôlerie, qui aurait justifiée à mes yeux cette absence de lien. Et quand il semble enfin y avoir une histoire suivie, le roman s'achève. Cruel Flaubert ! Bon, soit, j'exagère un peu : il faudrait dire plutôt qu'au début, le roman n'a guère de fil conducteur, mais qu'il devient peu à peu plus prenant. Pas assez tôt, malheureusement, pour qu'on ne se sente pas lésé par l'interruption de l'écriture de Flaubert. Et tous les plans du monde donnés en complément pour m'expliquer la fin n'y changeront rien.