Bouvard et Pécuchet par Rahab
Antithèse bien ironique (comme l'aurait apprécié Flaubert) que cette oeuvre inachevé soit l'une des plus accomplies de l'esthétique Flaubertienne.
Flaubert parvient à déverser sa haine contre ses contemporains en l'enrobant subtilement derrière les bouffonneries de deux grands benêts. Les farces et les situations cocasses ressemblent à celles des films avec Laurel et Hardy et nous laissent échapper quelques rires francs.
C'est un épandage total, tout y passe : l'agriculture, l'éducation, la politique, la gymnastique, la philosophie, la littérature, la science et surtout les tempéraments et comportements de l'être humain.
Difficile de ne pas s'accorder avec les sarcasmes de Flaubert qui, nombreux exemples à l'appui, nous prouve que tous les "experts", quelques soient leurs spécialités, se contredisent parfaitement entre eux et que, de ce fait, on ne sait plus à qui donner raison.
Ainsi, Bouvard et Pécuchet mélangent incessamment les façons de penser et retranscrivent des discours aux apparences quasi-cohérentes qui sont très éloignés des pensées originelles des auteurs. Flaubert met à nu les méprises qui peuvent être faites en étudiant tout les connaisseurs possibles.
Les résultats des deux compères sont toujours catastrophiques et Flaubert ne dénoncent pas forcément leurs stupidités respectives, mais les contradictions et dangers des discours trop divers et, finalement, nous démontre avec beaucoup de pessimisme, que l'on se lasse de toutes ses connaissances inaccessibles pour retomber dans la monotonie du quotidien.
Une oeuvre immense qui n'aurait peut être pas autant gagnée à être achevée.
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