Allez, soyons fou soyons dingue, on se refait l'intégrale James Ellroy et on commence par le début ! A savoir le roman Brown's requiem, publié en 1981 et qui sera le premier d'une longue série passionnante.
Enfanté par un James Ellroy sevré de l'alcool et autres substances toxiques lui ayant refilé un abcès au poumon et une double pneumonie, Brown's requiem s'inspire du besoin de l'auteur de faire le ménage dans sa vie mouvementée et de son expérience professionnelle comme personnelle. Ancré dans le milieu du golf et de la musique classique (Ellroy a été caddy et éprouve une immense passion pour la "grande musique"), ce premier roman pose déjà les bases de ce que sera le "style Ellroy", avec son privé désabusé, sa cité des anges vampirisant les citoyens, sa désacralisation du glamour hollywoodien et tous les coups fourrés qui vont avec.
Agréable à suivre bien que loin d'être palpitante, l'intrigue policière de Brown's requiem servirait finalement presque de prétexte à l'auteur pour donner corps à ses obsessions et surtout à son double littéraire, personnage déglingué par la vie, bouffé par l'alcool, la rage et la violence, mais qui fera tout pour se sortir d'une impasse qu'il a plus ou moins lui-même construite, et enfin trouver un semblant de paix.
Même si l'on est encore loin de la réussite des chefs-d'oeuvres à venir de l'auteur, le style est efficace, le personnage principal suffisamment fort pour que l'on souhaite suivre ses mésaventures et le ton noir et désenchanté, même si croyant encore en une parcelle d'espoir, ce qui deviendra rare par la suite chez James Ellroy.