⚠️ Une maintenance est prévue ce Mercredi 4 décembre de 9h00 à 13h. Le site sera inacessible pendant cette période.

Bubble gum
5.6
Bubble gum

livre de Lolita Pille (2006)

J'avais bien aimé Crépuscule Ville. Là, je suis déçu.


La quatrième de couverture annonce la critique d'une nouvelle norme sociale, qui voudrait que chacun, ou beaucoup, cherche la gloire et la richesse, seuls horizons désirables pour la "nouvelle" génération.
Lolita Pille n'arrive jamais à dépasser le stade de l'anecdotique.


Son histoire est trop caricaturale, tout comme ses personnages. Elle ne raconte rien d'universel, on reste au niveau des deux narrateurs, Manon et Derek, qui jamais ne sont représentatifs d'une génération ou d'un phénomène social.
Il semblerait que l'auteure veuille montrer l'égotisme et l'égocentrisme de ces deux-là, en effaçant de leurs pensées la moindre considération et la moindre réflexion sur les autres personnages. Pire, en effaçant la moindre interaction réelle et vivante avec l'environnement. Chacun à sa manière, ils sont totalement seuls. Le problème, c'est qu'ainsi, ils n'appartiennent pas au monde. Ils sont en suspension dans un univers vide. Il n'existe aucun lien entre eux et une réalité que l'auteure ne montre jamais.


Je pense ici à une scène d'American Psycho, lors de laquelle l'auteur compare sa carte de visite à celles de ses comparses yuppies. Très simplement, Ellis dit quelque chose de ce milieu. Et la folie de Bateman est d'autant plus flippante, qu'elle s'inscrit dans un univers tangible.
C'est là l'erreur fatale de Lolita Pille: l'auteur fantastique depuis le 19ème siècle, introduit des éléments de naturalisme pour produire son effet.


Détachés de tout lien avec le monde, Manon et Derek deviennent ennuyeux et évanescents, leurs délires n'intéressent pas. De plus, ils correspondent en tous points à l'idée qu'on pourrait s'en faire a priori: la jeune gourgandine quittant sa province glauque pour "réussir" ne nous surprend jamais, elle suit une trajectoire linéaire et téléphonée. Tout comme le milliardaire blasé et défoncé, tellement plat dans sa déprime, qu'il pourrait au cinéma être incarné par Tom Cruise.


Lolita Pille aime visiblement Bret Easton Ellis. Mais elle n'en a visiblement pas saisi toute l'étendue. Sa tentative de palimpseste, de mix entre American Psycho et Glamorama, tombe à plat, faute d'avoir quelque chose à dire.


La note est supérieure à ce que ma critique semble annoncer, par l'effet du style fluide, agréable et assez personnel de l'auteure.

GerardDenfer
2
Écrit par

Créée

le 18 févr. 2020

Critique lue 232 fois

GerardDenfer

Écrit par

Critique lue 232 fois

D'autres avis sur Bubble gum

Bubble gum
VirginieElse
8

Critique de Bubble gum par Virginie Else

J'ai accroché dès le début avec le personnage masculin, un milliardaire désabusé qui pour tromper son ennuie va se lever un matin et décider de démolir la vie d'une personne. Comme ça. Le personnage...

le 24 sept. 2010

4 j'aime

Bubble gum
Isolt
3

Bubble gum, ou comment faire vendre grâce au s*xe

Non mais franchement. Je comprends qu'on aime quand on a 15 ans et qu'on pense que les adultes sont tous des connards et que jamais on sera vieux parce que "moi je mourrai d'une overdose avant". (Je...

le 19 mai 2011

2 j'aime

Bubble gum
The_Claw
10

L'art était subjectif, la merde était universelle.

Un coup de coeur. Une sorte de roman très noir sur la télé-réalité et ses dérives : c'est sombre, c'est cruel, c'est violent dans les mots et dans les actes, c'est sans pitié, et on aime ça! Le roman...

le 8 nov. 2015

1 j'aime

Du même critique

Chronique d’une liaison passagère
GerardDenfer
2

Masturbation bourgeoise

Un énième avatar de ce cinéma bourgeois français chiant comme l’herpès, qu’on nous sert à coup de louches de plus en plus volumineuses depuis quelques décennies. Donc, apparts somptueux au coeur de...

le 21 sept. 2022

53 j'aime

21

Sur les chemins noirs
GerardDenfer
3

Vous avez dit moisi ?

A peine entrai-je dans la salle, qu’un horrible doute m’empoigna la prostate. La plupart des nombreux sièges occupés l’étaient par des personnes plus âgées que Brigitte Macron. Elles savaient...

le 24 mars 2023

16 j'aime

17

Le Dernier Duel
GerardDenfer
4

Plus miteux que #metoo

Le réalisateur le plus surestimé de sa génération sort un film avec, à l’écran et au scénario, les deux endives cuites les plus bankables d’Hollywood. Tous les voyants rouges, les warnings et les...

le 16 oct. 2021

13 j'aime

7