Bye Bye Blondie, c'est d'abord l'histoire de Gloria, une ado de 15 piges, pas vraiment fille à papa. Sa vie c'est plutôt sex, drugs and rock'n'roll. Bref, la belle vie des jeunes dans les années 80. Pis Gloria (c'est pas son vrai nom, mais au final, on s'en tape) elle se dispute bien sévère avec son père. Le gars, c'est juste un vieux con qui ne comprend rien à la jeunesse. Enfin, en vrai, c'est surtout un pauvre type qui cogne sur sa gamine. Mais, maintenant elle est grande et elle réplique la petite insolente. Et hop ! À l'HP.


Eh oui, chers parents, votre gosse est casse-couilles (je sais que c'est un pléonasme) et il se drogue ? Envoyez le en hôpital psy, vous aurez la paix ! Donc v'là notre ado enfermée dans l'endroit le plus glauque du monde (je parle de l'hôpital psy, pas de Nancy hein). À côté, l'Overlook de Shinning ressemble à Disneyland. Et comme le petit Dany, elle va y faire une rencontre qui va changer sa vie : Éric le petit bourge.


20 ans plus tard, Gloria a une bonne vie de merde. Elle a pas de vrai taf, son mec vient de la foutre dehors et elle a nulle part où dormir. Bref, elle est bien au fond du trou. Et qui apparaît une nouvelle fois : Éric le petit bourge devenu présentateur télé. Et c'est parti pour la pompe à souvenirs.


Au début, c'est Despentes qui fait du Despentes. Les SDFs c'est les cools. Les capitalistes sont des enculés. Les travailleurs sont des enculés. Le monde entier c'est des enculés, sauf les SDFs et les punks. Son refrain habituel contre la société, ceux qui rentrent dans le moule et sa glorification niaise de la marginalité. Pourtant, au fil des pages, on sent un peu de distance avec cette éternelle ado révoltée. Et même que la vie de marginale, ce n’est peut-être pas si génial. Et que le confort ce n’est pas si gerbant.


Au final, c'est juste une nana au cœur brisé et en colère contre le monde entier. C'est aussi une femme avec un réel problème de colère et de violence. Un problème qu'elle essaie d'ignorer, puis de contrecarrer, mais ça la rattrape. Despentes décrit à la perfection la rage folle qui consume l'être.


Gloria, elle est méga chiante à toujours gueuler sur tout. Mais elle devient super attachante. Parce que derrière sa grande gueule et les coups de poing, c'est juste une midinette qui veut y croire, juste un humain qui cherche un peu d'amour. Une femme qui désespère de construire un jour quelque chose au lieu de tout détruire. Il y a aussi chez elle une peur constante de se faire avoir, de se « faire baiser ». De devoir vivre l'humiliation du faible, de celui dont on a profité et qu'on abandonne. Et elle n'est pas rare cette peur-là. Elle ne concerne pas que les punkettes délurées, les marginales excitées. C'est une peur bien humaine, bien courante. Ça fait réfléchir une merde aussi universelle dont on ne parle pourtant pas trop.


J'ai été impressionné par la force de ce petit roman. Il est simplement magnifique. Le personnage est complexe, bien construit. Virginie Despentes nous épargne la psychologie de comptoir et les solutions faciles. Elle nous décrit une personnalité pleine de contradictions et s'interdit de finir sur une synthèse pleine d'un optimisme béat et peu réaliste.


Pour l'écriture, on aime ou on n'aime pas le style Despentes. Moi j'adore. C'est cru, sans être vulgaire. Je veux dire, chaque mot a sa raison d'être, sa place. C'est rythmé, c'est dynamique. Bref, on ne se perd pas, on ne s'emmerde pas. Et ce côté très direct sert totalement le récit.


Pour faire court : il faut lire ce livre !

Felin-Sceptique
10
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Créée

le 24 août 2018

Critique lue 640 fois

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Felin-Sceptique

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