C'était mieux avant
La petite thèse de Serres contenue dans ce petit ouvrage peut se résumer en une phrase : c'était pire avant, cela va beaucoup mieux sur tous les plans.
Un défilé de prétendues vérités assénées avec douceur et amusement, sans le moindre début de fondement ontologique berce le lecteur médusé, soulignant l'époque bénie que serait la nôtre (mais laquelle, et pour qui ?). Une époque de paix affirme l'auteur.
La paix ? Ce terme est répété au détour de chaque page ou presque. Comme le gage et le crédit d'une belle période.
L'Afghanistan, la Syrie, la Lybie, le Rwanda, le Yémen, la Somalie, le Soudan, le Viêt Nam et les dizaines d'autres pays frappés par des guerres civiles durant ces dernières décennies semblent avoir été négligés par l'auteur. Quant à la France et ses plus de 200 attentats, ses Gilets jaunes, et ses émeutes ethniques à répétition, il est clair que ce qualificatif lui sied à merveille. Sans oublier le tombereau de faits divers d'une violence rare qui berce ses actualités régionales.
Dans le domaine médical, la petite vérole a bien été éradiquée, pour être avantageusement remplacée par le Sida et le Cancer dont tout le monde sait que les douleurs induites sont modestes.
Emporté par son enthousiasme féérique et stratosphérique, ébahi par son GPS et ses écrans tactiles, Michel nous révèle que les moyens de communication modernes nous commutent au monde entier, il omet d'effleurer la solitude, les divorces, les dépressions, addictions et autres suicides qui accompagnent ce cortège mirifique de babioles à algorithmes intégrés et déshumanisants.
Tout est à l'avenant, la nourriture elle-même aurait prodigieusement progressé qualitativement, la liste des adjuvants toxiques dont on découvre chaque jour un nouveau cousin en sont ravis.
Il vante la fée électricité en omettant sa source nucléaire si prometteuse de champignons d'une autre portée que celle de nos amanites. Prétendant que les nouveaux médias ont aboli la soumission des récepteurs alors qu'ils ont démultiplié le nombre de chiens assis devant leurs écrans respectifs.
Il enchaîne sur la santé qui a certes manifesté ses progrès techniques via l'espérance de vie, mais cette fameuse notion d'espérance est-elle sérieusement liée au nombre des années ? Ce qui se joue actuellement dans les ehpad semble bien démontrer l'inverse.
Il est vrai qu'en méprisant la notion de verticalité, il ne pouvait qu'apprécier nos contemporains, qui sans horizon ni hauteur, savent demeurer plats comme des limandes. Le monde du travail se serait amélioré. Concédons ces avancées techniques qui
ont facilité nombre d'activités autrefois douloureuses et dangereuses. Ces mêmes techniques sont en train de faire tout simplement disparaître toute forme d'emploi aurait-il fallu compléter dans cette non démonstration.
Nous ne pouvons au final que lui concéder l'avènement des égouts. Le réchauffement climatique à venir nous fera regretter le froid de vos pensionnats Monsieur Serres.
Quant à sa notion d'avenir irrésistible, pas une page n'en décrit la teneur objective.