On glisse le long de cette diagonale du fou ouverte par Arturo Perez-Reverte, on se laisse prendre au jeu comme au piège, d'ailleurs. La comparaison qu'utilise le commissaire Tizon pour son enquête et qui met sur le même plan la ville avec un jeu d'échecs est totalement exacte et Reverte nous livre un échiquier littéraire splendide et où le hasard ne trouve pas sa place. Et ceci est tellement bien fait que certains passages de l'enquête tombent dans cette zone entre le assez maîtrisé tout en laissant place à la surprise et le trop maîtrisé qui peut enlever de la crédibilité à certains passages : le hasard n'existe pas sur les échiquiers.
Une partie d'échecs aussi que celle de cette reconstitution du siége de Cadix à partir de cette carte reproduisant minitieusement la ville (à chaque pages tournées, on se sent happé dans cette ville avec toujours cette sensation étrange que me donne l'auteur de découvrir une autre ville que celle que je connais et de retrouver la Cadix qui m'est connues comme ça a été le cas avec sa description de Séville dans La Peau du tambour, dans son histoire avec ce fond historiquement soigneusement travaillé), autre jeu d'échecs que cette enquête bien ficellée et nouvelle partie d'échecs avec les intrigues nombreuses qui se mêlent et s'entre-mêlent sous la pulme de Perez-Reverte et, enfin, partie d'échecs passionnante et passionnée entre deux personnages aussi antithétiques que doña Dolores Palma Urgate, femme d'affaires gaditane, et le capitaine corsaire José Lobo, sans scrupules ; tous pris entre les conventions du monde espagnol du XIXème siècle avec son lot de faux-semblants et leur désir, ce qui aurait pu advenir sans qu'ils se le permettent pour autant.