Il faut savoir que j'ai lu ce livre en ignorant qu'il se plaçait dans un univers plus large, dans l'univers de Fondation (si j'ai bien compris) et qu'il fait partie du Cycle de l'Empire.
N'ayant pas encore lu Fondation, ma critique aborde donc ce livre comme si c'était un one-shoot, ou tout du moins naïf concernant l'univers de son auteur.
Pour comprendre et appréhender ce livre, il faut revenir à l'époque où il a été publié : 1950.
Le monde sort de la 2° Guerre Mondiale, marquée par le début de la maitrise de l'atome, à la fois arme terrifiante et source d'espoirs et fantasmes concernant son usage civil. Le monde a aussi été horrifié par la découverte des camps en Europe.
Toutefois, la mise en place de la Guerre froide entre les blocs de l'Est et de l'Ouest laisse craindre un conflit de grande ampleur, avec utilisation façon massive la récente arme nucléaire, et ses conséquences potentiellement dévastatrices.
Aux États-Unis, où vit Asimov, la ségrégation raciale a encore lieu, avec tous les préjugés allant avec.
C'est donc tout naturellement de cet environnement que s'inspire Asimov pour ce livre.
Le livre est remarquable sur plusieurs points :
Bien qu'écrit en 1950, ça s'en ressent assez peu. Asimov évite de chercher à imaginer une multitude d'invention futures, et son récit sur une Terre finalement assez rustre lui permet de ne pas avoir à aborder cette question. Les rares fois où cela a lieu, Asimov reste très réaliste et réfléchi.
Les thématiques abordées, comme évoqué, s'inspirent du contexte de l'époque, et notamment des conséquences d'un conflit atomique, et restent toujours d'actualité 65 ans plus tard. Asimov imagine une Terre insignifiante, noyée dans un empire galactique comprenant des millions de mondes, habités chacun par des milliards d'humains. La Terre est une exception, restée rustre, hostile à cet empire suite aux conséquences de ce conflit atomique.
Asimov avait obtenu un doctorat en biochimie. Dans les années précédant l'écriture du livre, il apparait que l'ADN (et d'une certaine façon, les protéines) est le support du code génétique. Asimov n'évoque toutefois que les protéines, car la variabilité du code génétique entre espèce n'est alors pas encore connu. Les héros évoquent la possibilité que l'espèce humaine soit apparue indépendamment sur différentes planète, ce qui avec la connaissance actuelle, fait sourire, mais l'argument des protéines similaires quelques soit les planètes, et surtout de leur plus grande variabilité sur Terre, est déjà une compréhension remarquable de la question !
Toutefois, le point noir du livre est à mon avis son intrigue. J'espérais clairement un côté plus poussé dans l'argumentation sur la Terre en tant que centre de l'Humanité, où le héros met en place les éléments (tel l'exploration des sites archéologiques), la rencontre avec Schwartz, éléments qui une fois réunis, lui permettent d'être réellement certain que la Terre est bien le berceau de l'Humanité.
On se retrouve en réalité avec héros baroudeur, une demoiselle en détresse, un psychopathe conspirateur et des histoires de pouvoirs psychiques (assez à la mode au début de la 2° moitié du vingtième siècle). Schwartz n'est finalement que peu intéressant, ne livrant finalement quasiment rien de son expérience passée, tel ce qu'il aurait vécu pendant la 2° Guerre Mondiale.
En outre, alors qu'il suggère une fin pessimiste, le livre se termine par un retournement de type deus ex machina, ce que je trouve particulièrement dommage, ayant horreur de ce genre de conclusion pour permettre un happy-end.