Si quelqu'un connaît une BONNE romance contemporaine, je suis preneuse -_-'

Après avoir tenté de lire Cinquante nuances de Grey (je dis bien tenté, le livre étant passé par la fenêtre au bout de cent pages), je croyais qu’on avait atteint le fond. Eh bien je lui ai trouvé un sérieux rival en Calendar Girl.


Alors ouiii, bien sûr, si on veut se montrer pointilleux, il aurait mieux valu commencer par Janvier. Je l’avais entamé d’ailleurs, mais ensuite je ne l’avais plus sous la main, et je me suis donc rabattue sur Février, partant du principe que l’un ou l’autre, après tout, vu la consistance de l’intrigue… (comment ? Des a priori vous dites ?...)
Evacuons tout de suite le vague aspect positif qui m’a poussée à mettre quand même un point (oui, un : vu que 1/10 correspond à la note minimum sur ce site, ça ne peut pas compter comme l’attribution d’un point). On devine qu’il y a projet d’une évolution psychologique du personnage principal au long de la série, chaque contrat représentant une nouvelle étape de cette évolution. Sur Février, apparemment, l’apprentissage était : S'aimer soi-même. Ça, je dirais pourquoi pas, c’était une hypothèse de travail potable.
Alors donc, le principe de l’histoire : Mlle Mia accepte de devenir escort-girl pour éponger les dettes de son père avant de se faire casser la figure comme lui par des créanciers sauvages. Là déjà je m’interroge : son père est quand même dans le coma et l’agresseur n’est autre que l’ex de la jeune femme, elle connaît donc parfaitement son identité… Ne serait-il pas plus judicieux de tenter de faire arrêter l’individu… ? Bon, après, moi je dis ça comme ça, hein. D’autant plus que quand ce charmant garçon aura réalisé que Mia peut rapporter plus de cent mille dollars par mois en se prostituant, vous croyez vraiment qu’il va gentiment lui signer un reçu une fois la dette épongée et la laisser partir ?… Elle y compte, apparemment. Heureusement que les pubs pour le bouquin clament des louanges du style « enfin une romance avec une héroïne qui n’est pas soumise et naïve », parce qu’on aurait pu s’y tromper.
Aaah mais attendez, j’oublie une nuance capitale : Mia n’est pas une prostituée, juste une escort-girl – en l’occurrence ça signifie que les clients doivent payer 20 000 dollars supplémentaires si elle couche avec eux. Elle accepte de travailler sous ce contrat, elle pense effectivement coucher pour rassembler la somme plus vite. Mais, attention rebondissement, quand les deux premiers clients lui versent le supplément dans les règles… elle les engueule copieusement, comme quoi ils la traitent comme une pute. Allez comprendre, les gars.
Ah non mais d’accord : c’est qu’en fait, contrairement aux idées reçues, la prostitution, pardon, activité d’escort, c’est hyper glamour. On n’y a affaire qu’à des princes charmants dans des cadres paradisiaques (vous voyez bien, le genre d’homme qui en est réduit à payer des fortunes pour grappiller un peu de compagnie féminine, quoi). Et donc dès l’instant où elle rencontre ses clients, Mia ne rêve plus que de passer à l’acte, oubliant le contrat en toute innocence. À ce sujet, je ne peux pas m’empêcher de souligner la richesse de l’imaginaire de la séduction : Mia fond pour le premier parce qu’il est super musclé, et pour le deuxième parce qu’il est super musclé (et sans mettre le nez hors de chez lui, celui-là). Non, messieurs, vous ne pouvez pas avoir d’autres atouts.
Parlons enfin de ce superbe personnage principal qu’est Mia (oui superbe, on nous laisse bien entendre qu’elle a quelques kilos de trop mais c’est vraiment histoire de dire, on parle quand même d’un personnage qui tire des revenus princiers de ses charmes). Pour reprendre sa propre appréciation d’elle-même, ses seuls domaines de compétences sont les hommes, les t-shirts de concert et les motos.

- les hommes : sachant qu’elle en rencontre des plus fréquentables en s’en remettant aux magouilles d’une mère maquerelle plutôt qu’à ses propres choix, l’emploi du terme compétences apparaît pour le moins discutable
- les t-shirts de concert : quelque peu restrictif…
- les motos : là, on met probablement le doigt sur le résultat d’une opération packaging plus ou moins fine : globalement les auteurs ont compris que les héroïnes soumises et effacées ne sont plus trop dans l’air du temps. Nombre d’entre eux ont donc trouvé une habile solution de recyclage : reprendre les mêmes héroïnes soumises et effacées, mais leur coller ostensiblement dessus une étiquette « rebelle au caractère bien trempé ». J’imagine qu’on peut considérer la moto comme une étiquette particulièrement convaincante. Le grand public n’y voit que du feu, c’est magique.


Au final, encore une image de la femme bien valorisante, donc… Et la touche finale ? Mia très fière de sa petite sœur, parce que celle-ci n’envisage PAS de faire le premier pas avec le garçon dont elle est amoureuse… Autrement dit, mesdames, prostitution ou relation librement consentie peu importe, mais surtout, surtout, ne prenez pas d’initiatives, attendez que les hommes viennent vous chercher – surtout s’ils sont musclés et richissimes. 

Bref, comme pour Cinquante Nuances de Grey : sous un vernis sulfureux et novateur, c’est cette bonne vieille mentalité machiste qui rancit en toute quiétude.

Emiliz
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le 11 juin 2017

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