Je suis une grande admiratrice du travail de Libérati mais j'avoue que ce roman/récit m'a laissée un peu perplexe. Il est extrêmement bien construit, écrit, documenté etc. mais je n'ai pas retrouvé ce qui fait le charme à mes yeux de ses autres livres: les préciosités de langage, les outrances, le goût du bizarre, la fascination pour le mal et la grâce... Je comprends bien la démarche mais je me demande si l'inscription dans le cadre étroit d'une collection n'a pas imposé un cahier des charges et bridé l'inspiration sur un thème peut-être trop proche des obsessions personnelles de l'auteur. L'ensemble est sans âme. Je crois que j'aurais préféré moins de distance, un parti pris plus romanesque (comme dans le Dahlia Noir d'Ellroy par exemple). Malgré ces réserves, pour avoir lu les deux, je trouve ce livre bien supérieur à celui de l'américaine Emma Cline (The Girls), "vrai" roman sur le même sujet.