En refermant "Finders Keepers" (encore un titre stupide en français puisque les carnets de "moleskine" de Rothstein ne sont pas décrits par Stephen King comme de couleur noire, si je ne m'abuse...), je me suis dit que je pourrais reprendre au mot près mes critiques de "Mr. Mercedes", seulement en pire : un livre ennuyeux une fois terminée une introduction forte, et ce jusqu'à un suspense final bien mené, avec des personnages inintéressants et stéréotypés, soit une dilution du talent naguère si clair de l'un des grands auteurs contemporains de la littérature populaire dans des intrigues déficientes de thriller simpliste. N'y revenons plus, "Finders Keepers" est un livre médiocre, peu recommandable. Il est plus intéressant de revenir sur le thème de fond du livre, déjà plusieurs fois (et mieux) traité par King - dans "Misery" en particulier -, celui de la passion incontrôlée de lecteurs "dérangés" pour une oeuvre littéraire, et du résultat du choc des fantasmes du fan avec la réalité de la création littéraire, voire de la réalité tout court : c'est évidemment passionnant, et cela montre que King reste un écrivain "responsable", réfléchissant à son art et à son impact sur ses lecteurs. Malheureusement, il semble que la réflexion de King n'ait pas avancé d'un iota depuis "Misery", et "Finders Keepers" se contente de nous affirmer assez platement que, au final, le lecteur sain d'esprit préfèrera sa famille réelle aux personnages d'un roman, aussi bon soit-il. Big deal ! Quand en plus, Stephen King double cette toute petite leçon d'un hommage appuyé à Salinger et son "Catcher in the Rye", un livre qui typiquement ne revêt pas pour un lecteur français l'importance qu'il a aux USA, on est en droit de ne pas être particulièrement passionné ! Le truc malin - et finalement rassurant - de "Finders Keepers", ce sont les toutes dernières pages, introduisant a priori le dernier tome de la "Trilogie Hodges", et qui ont l'intelligence de revenir en plein territoire "kinguien", celui du surnaturel mental : espérons qu'ils présagent d'un retour du maître après ce détour mal venu dans un genre qui ne lui convient pas.
PS : les lecteurs de la VO de "Finders Keepers" dans son édition "poche" de chez Hodder auront sans doute été comme moi frustrés par le choix d'une photo de couverture spoilant largement la fin du livre. Jusqu'où ira donc l'idiotie des éditeurs ? [Critique écrite en 2016]