Le Soleil Vert est fait de gens ; Cartographie des Nuages est fait de génie
20 minutes. Voilà 20 minutes que je reste fixée sur cette page sans savoir quoi y noter, en n'ayant trouvé que le titre de cette critique. Je n'y arrive pas. Je n'arrive pas à critiquer "Cartographie des nuages" correctement. Parce qu'il y a beaucoup trop à dire, là où je n'ai que trop peu de temps pour le faire. Parce que j'aime trop ce livre que pour en donner une critique un minimum constructive.
"Cartographie des nuages", c'est comme vous le savez sûrement déjà, l'histoire (devrais-je dire "les histoires" ?) de 6 personnes, liées non seulement par une tache de naissance en forme de comète qui ne jouera finalement qu'un petit rôle dans le roman, mais aussi par des liens beaucoup plus matériels, que je vous laisserai découvrir.
Et là où se situe tout le génie de Mitchell, c'est dans la façon de l'écrire.
Outre le découpage en A/B/C/D/E/F/E/D/C/B/A, chaque histoire est racontée différemment... Passant ainsi d'un carnet de bord au style épistolaire, avant d'arriver sur un roman à suspense, des mémoires, un interrogatoire et enfin une histoire racontée en argotique post-apocalyptique.
D'aucun en ont parlé comme d'une symphonie, comme d'un orchestre qui jouerait une magnifique mélodie par laquelle on se laisserait porter... J'ai rarement été autant d'accord sur une telle métaphore. Une mélodie qu'on suit, qu'on écoute, qu'on aime ; pas parce qu'on a envie, mais parce qu'une fois entamée, il nous est impossible de l'arrêter. Le tout nous conduisant au plus bel excipit que l'Histoire nous ait offert :
« ‘Et seulement à votre dernier souffle, enfin comprendrez-vous que votre vie n'a guère davantage compté qu'une goutte dans l'infini de l'océan !‘
Cependant qu'est-ce qu'un océan, sinon une multitude de gouttes ? »
J'ai encore tellement de choses à dire, comme tous les thèmes et aspects de la vie qu'il dénonce, mais je n'en aurai jamais le temps. Mitchell est un génie, ce livre est celui qui aura rythmé ma vie pendant toute une semaine, me levant plus tôt pour le lire avant de partir ; m'endormant à des heures impossibles pour le continuer. Depuis que je l'ai fini, elle ne se résume qu'à l'attente de la sortie du film, le 20 mars pour mon pauvre pays qu'est la Belgique.
Jamais je ne tiendrai encore 4 jours.