Ce qu'en disent les vivants...
Après avoir fini Substance Mort (A Scanner Darkly au cinéma) il y a quelques années, je me replonge dans l'univers de cet auteur très particulier et sincèrement, je n'en ressors pas indemne. Ces univers sons tellement passionnants qu'on aimerait dévorer l'intégralité de ses oeuvres à la suite, sans aucune rupture. Malheureusement, les trouver toutes reste compliqué en magasin (vive les boutiques en ligne.)
"Ce que disent les morts" aurait dû s'appeler "Ce que dis le mort" tant son synopsis se rapproche davantage de ce titre. Dans cet univers, la cryogénisation permet d'établir une condition de semi-vie qui donne la possibilité au "presque mort" de revenir parmi les vivants, quelque temps, en de courtes périodes et pendant un certain nombre d'années. Il peut ainsi préparer sa mort et voir sa famille évoluer avec un deuil plus "simple" à accepter. Louis Sarapis, l'un des hommes les plus puissants du monde (toutes planètes confondues) est décédé et ses rivaux le veulent pour mort. Définitivement. Son ancien homme à tout faire va être chargé de retrouver la petite fille du défunt à qui toute la richesse et les affaires de Sarapis reviennent. Seul problème : impossible de prendre les directives à la source, puisque Louis Sarapis ne se réveillera jamais. Malgré cette nouvelle technologie de semi-vie, le mort est vraiment porté pour mort. S'en suit de la machination, des coups bas et une enquête sans aucun temps mort dans un univers futuriste très sombre (à la K.Dick, diront certains) ou le Polar tient toujours magnifiquement sa place. L'originalité du récit ? Alors que la recherche de la petite fille de Sarapis commence, une voix d'outre-tombe est captée par un satellite puis vient rapidement envahir tous les médias de la planète. Ce n'est autre que la voix de Louis Sarapis lui-même, qui enchaîne les directives comme on laisse un message sur un repondeur. Vraie résurrection ou machination diabolique ?
Philip K.Dick est un maître du genre et ce n'est pas cette courte nouvelle efficace et diaboliquement prenante qui viendra le contester. Certes on reste un peu sur sa faim et on ne peut s'empêcher de penser que cette idée de "semi-vie" n'est ici qu'une ébauche de ce qu'elle sera réellement dans son autre roman ultraconnu qu'est Ubik (aussi adapté en jeu vidéo). Mais concrètement il est bien difficile de faire la fine bouche devant tant de maîtrise. On aime en savoir plus sur tous les personnages et les événements bien ficelés qui hantent ces quelques centaines de pages. Elles constituent toutefois une aventure bien trop courte, mais parfaite pour bien débuter dans le monde de K.Dick. C'est un peu la même conclusion que pour le livre de Lovecraft, comme quoi cette collection est savamment bien pensée...
Pour la petite anecdote, vous pouvez aussi retrouver cette nouvelle dans le roman Minority Report, paru aussi chez Folio SF. En plus d'une jolie couverture avec un Tom Cruise toujours aussi énervant, vous aurez le droit au récit original du film (qui est assez différent sur certains points) et à quelques nouvelles, dont celle-ci. Si vous aimez le genre, n'hésitez pas !