Je ne vais pas m'étendre car cet essai m'a globalement ennuyée et j'ai hâte de passer à autre chose.
Deborah Levy, qui s'est réfugiée pour écrire à Majorque, raconte cette fois une partie de son enfance en Afrique du Sud, durant l'emprisonnement politique de son père. L'auteur est doué pour parler simplement, assez gracieusement, de choses basiques et minuscules. Elle nous décrit par le menu ses activités, échanges et réflexions de petite fille qui ne sont pas vraiment passionnantes, même si on y découvre au passage la vie durant l'apartheid (plages réservées aux Blancs, notamment).
Elle fait à un moment donné une longue digression sur la maternité, appuyée de réflexions de Simone de Beauvoir notamment, digression à laquelle je n'ai pas souscrit. Je n'aime pas qu'on sous-entende que la maternité est souvent un fardeau dont il convient de chercher à se détacher toujours davantage. L'idée que les enfants soient un poids, que le fait d'être mère aliène, que la Femme soit réduite à son espèce. J'ai trouvé ça tout à fait faux. Sans parler de sa dénonciation du "néo-patriarcat du XXIeme siècle", concept éminemment contestable. Deborah Levy donne le sentiment de faire des procès d'intention au monde entier quant aux femmes. Elle parle par exemple du "fantasme nostalgique qu'avait le monde sur le but de nos existences."
Avec cette éternelle tendance à la victimisation, insupportable, quand elle évoque "le monde des hommes et ses arrangements politiques (qui ne bénéficiaient jamais ni aux enfants, ni aux femmes)". Les femmes sont de pauvres êtres "soumises à toutes sortes d'humiliations tant économiques que domestiques".
Clou du spectacle, cette citation signée d'une certaine Adrienne Rich :
Aucune femme n'a vraiment voix au chapitre dans les institutions engendrées par la conscience masculine.
Qu'elle aille dire ça à Ursula von der Leyen ou Kamala Harris! Ces pauvres filles rejetées de partout vont donc être contraintes, vous comprenez, d'investir, pour compenser, "beaucoup d'énergie à créer un foyer" pour leurs enfants et leurs hommes. (On se demande quel mal il y a à ça mais bon !)
Les citations de Duras, tirées de La Vie matérielle, m'ont semblées très discutables aussi. Enfin !
L'idée de cet essai, c'est aussi de nous montrer que l'écrivain était déjà en germe dans la petite fille, qui griffonnait des mots sur des serviettes en papier ou demandait le sens de tel ou tel mot ou expression.
Ensuite, retour en Angleterre, nouvelle acculturation locale qui mène ensuite, encore et toujours, à l'écriture. Levy part souvent d'un élément basique, ou folklorique, comme un piano solitaire ou les "greasy spoons", ces restaurants ouvriers d'après-guerre, pour revenir dessus comme une obsession, un thème littéraire. Je n'ai pas vraiment compris ce que ça apportait au lecteur, mais bon.
Pas nullissime, mais pas bien enthousiasmant. Next!