Voilà donc que je m'attelle à la tache pour laquelle j'ai mis tant de réservations à exécuter par le passé, celle de rédiger un avis qui pourrait sonner tant soit peu juste, qui saurait contenir l'ampleur de mon ressenti sur ce chef-d'oeuvre, cet Ovni de Garcia Marquez. Difficile de donner mon impression , je me lance finalement sans aucune assurance..
Loin d’être une adepte de la littérature sud-américaine, au point final du roman, je n'ai pu que crier " Ah le chef-d'oeuvre ! "
Débutant par une
"Bien des années plus tard, face au peloton d'exécution, le colonel Auréliano Buendia..."
Je ne savais où l'auteur me mènera, et bien après quelques lignes encore,la confusion s'encastrait dans mon esprit, je ne pouvais m’empêcher de demander " Mais où veut-il en venir ? " , puis j'ai compris que le frisson et le plaisir était dans l'attente, dans des dédales de descriptions rallongées, je ne me suis doutée, à aucun moment du début de la lecture que ce livre tiendra mes sens et mon attention en éveil et avidité, un peu moins d'une journée entière.. ( Dans la même position, j'ai eu des courbatures par la suite ) .
Mais quelle épopée et quelle histoire ! Une lecture atypique qui m'a laissée juste subjuguée encore aujourd'hui, presque un an après ma lecture de ce monument de 450 pages, où pas une phrase n'est de trop, tout est nécessaire pour représenter ce joyaux du courant " réaliste magique " compté comme important dans la littérature latino-américaine, et merveilleusement représenté ici par Garcia Marquèz.
Avec le recul ma pensée reste à ce genre inébranlable. Ce sont 450 pages d'un dépaysement exotique, une véritable vision d'une roue tournante de plusieurs générations de la lignée des Buendia, lignée qui dégage l'impression qu'elle puisse tourner et durer éternellement au fil des pages.
Il n'y avait, dans le cœur d'un Buendia, nul mystère qu'elle ne pût pénétrer, dans la mesure où un siècle de cartes et d'expérience lui avait appris que l'histoire de la famille n'était qu'un engrenage d'inévitables répétitions, une roue tournante qui aurait continué à faire des tours jusqu'à l'éternité, n'eût été l'usure progressive et irrémédiable de son axe.
Les personnages, quoique nombreux, demeurent attachants et composent réunis, cette sublime fable, j'ai du me faire comme beaucoup, un arbre généalogique pour ne pas perdre le fil des multiples " Auréliano " et " Arcadio " , cela s'est révélé pratique pour suivre le cours de l'histoire sans confusion majeure. Difficile d'en faire un résumé proprement dit, tout un tas de thèmes tel que l'inceste, l'amour, la mort, les épidémies, la guerre, tout s'y entremêle pour découler sur une densité, une richesse, des doses de vibrations, formant cette fresque d'un siècle de la ville de Macondo, là où la magie fusionne avec la science, là où le réel flirte avec des emprunts de surnaturel et de fantaisie qui font de ce cadre un monde singulier,étrange, mais qui devient ordinaire, le lecteur s'immisce avec grande aisance dans ce melting-pot de sensations.
« … Aux lignées condamnées à cent ans de solitude, il n'était pas donné sur terre une seconde chance »
C'est indéniablement, LE livre qu'il faut avoir lu au moins une fois dans sa vie, et de loin, l'une des œuvres qui resteront des plus mémorables comme souvenir de lecture de tout ceux que j'ai pu parcourir, il y'en a certes un bon nombre, mais là, avec " Cent ans de solitude " ça dépasse, c'était au delà de toutes mes attentes, j'en perds carrément mes mots, le paroxysme de l'admiration, cette rencontre littéraire a été LE coup de cœur.
Sans plus de longueurs, je me contente de ces quelques lignes en recommandant au final ce roman à tout lecteur aspiré et tenté par une apnée dans une histoire sur l'humanité.