"C'est comme si le monde faisait des tours sur lui-même"
Quel livre extraordinairement peuplé ! Outre les personnages, hauts en couleur et franchement inoubliables, on y trouve aussi leurs relations incroyables, les légendes du village, les croyances d'Amérique Latine, les inventions folles de Melquiades et de José Arcadio, les vêtements des saints, les petits poissons en or du Colonel, les libéraux, un galion espagnol échoué et même une queue de cochon.
Tout se mêle, se coupe, se défait et disparait avec une telle constance, qu'il faudrait presque que ça soit une histoire qui n'existe pas... Malgré cet imbroglio, Marquez garde le cap et nous mène par le bout du nez. Il nous fait goûter aux splendeurs de Macondo dans son âge d'or, aux misères de la guerre, au parfum exquis et scandaleux de l'inceste, aux charmes de femmes et à la folie des hommes... On est perdu, noyé devant le passage du temps et cette narration incroyable, qui ne laisse aucun répit.
Et malgré la décadence, tout finit en apothéose, dans cette tirade de fin si... si... si parfaite qu'elle m'a donné la chair de poule et une vision de l'absolu, le temps d'un instant. Cent ans de solitude est définitivement un livre dont on ressort grandi, et peuplé.