Maurice Genevoix, un écrivain français émérite (Normalien, Prix Goncourt 1925, membre de l’Académie Française, auteur de 56 livres) nous livre ici un récit assez difficile à lire.
Le style est plutôt télégraphique, ce qui bien sûr colle parfaitement aux évènements mais devient rapidement pénible à lire. Par ailleurs, bien que je sois un lecteur fréquent, j’ai dénombré plus d’une centaine de mots inconnus, dont une bonne partie tient d’un vocabulaire désormais inusité. Ensuite, sur le fond, j’ai trouvé que c’était souvent confus et j’avais beaucoup de mal à me représenter les scènes.
Je me permets donc de dire avec toute l’humilité et tout le respect qu’il se doit face à un tel écrivain que cette œuvre n’est pas la meilleure en ce qui concerne la 1ère guerre mondiale. J’ai nettement préféré à l’ouest rien de nouveau (témoignage d’époque) ou dans un style plus contemporain, l’excellentissime Au revoir là haut.
Ce pavé de 800 pages vous met tout de suite dans le bain avec une première bataille épique où on ne vous épargnera pas la boucherie des combats qui autrefois étaient glorifiés et entourés d’une fierté toute patriotique et qui aujourd’hui nous paraissent bien absurdes et vains. On se dit qu’on ne pourra jamais tenir la longueur. Puis cela se calme, l’auteur nous parle des permissions, des relèves, de cette attente stérile où l’inaction confine à la folie. Le livre foisonne d’anecdotes toutes plus révoltantes les unes que les autres : les soldats héroïques soupçonnés d’auto-mutilation, ceux qu’on renvoi au front après un repos d’une durée indignement courte, les gendarmes aux bases arrières chargés de faire la chasse aux soldats qui boivent ou ne se tiennent pas comme il faut, etc, etc.
Bref, un livre écrit au fil de la guerre (entre août 1914 jusqu’à la blessure de l’auteur en avril 1915), plutôt complet, au cœur de cette machine absurde, qui nous livre un récit relativement inaccessible et dont on peine à s’accrocher. Presque un huis clos autour des Eparges, où on numérote les collines ; un va et vient permanent entre 3 ou 4 villes meusienne pour des retours incessants aux combats dans des tranchées sans cesse perdues puis regagnées…même si ce n’est certainement pas l’avis de l’auteur, j’y ai vu une belle ode à la vacuité de cette guerre et l’absurdité de toutes ces vies perdues, gâchées.