Chanson douce
7.2
Chanson douce

livre de Leïla Slimani (2016)

C’est fou comment un incipit peut vous donner envie de lire un livre. C’est fou de voir, que dès les premières pages, j’ai senti que ce livre allait parler de thèmes difficilement abordables, restait à savoir s’il allait s’en sortir. Car à première vue, cette Chanson Douce sonne comme un véritable thriller dramatique, dès les premières pages, les personnages sont décrits comme ensevelis par les responsabilités maternelles, déchirés entre vie conjugale et vie professionnelle. Ça sentait très bon !
Et puis, apparaît la nounou, quasiment parfaite. Que ce soit dans ses gestes, dans sa manière d’éduquer les enfants, une nounou surréaliste. Et cela laissait présager d’une montée en puissance dans l’émotion, d’un étau qui se resserre sur les personnages et que tout allait s’achever de manière sanglante et dramatique pour aboutir à un final juste. A un détail près, c’est que rien n’évolue dans ce récit. C’est linéaire comme pas possible, ça enchaîne de multiples événements sans jamais les développer assez pour qu’ils aient un réel impact. Pire encore, ces événements sont oubliables. C’est une multitude d’anecdotes sans suite, sans impact, sans rien. Et cela, sur la quasi-totalité du livre. A aucun moment, on ne sent de montée en puissance, d’étau qui se resserre, serait-ce pour créer une surprise générale pour le final ? Difficile quand l’incipit commence par la fin.
Et pourtant, que de bonnes idées qui auraient tellement méritées d’être un tant soi peu développées. On parle quand même d’appartenance, d’envie de faire partie d’une famille, de maternité. Tant de thèmes si intéressants à développés. Mais c’est tristement maladroit au point que le message du livre (s’il y en a un) ne nous atteint pas.
Et que ce soit dans l’écriture des personnages, dans la structure du récit, tout est si maladroit que ça en devient déplorable. C’est si prévisibles (à cause de l’incipit) qu’on a l’impression que l’auteur cherche à surprendre, qu’il cherche à créer quelque chose d’insolite. Mais encore une fois, c’est maladroit... En fin de compte, c’est à cause de l’incipit que ça rate.
Voilà donc ce qu’on retient de cette Chanson Douce, des capacités inexploitées. Et ce vide laisse le lecteur sur sa faim, et sur un sentiment de promesse non tenue. Celle d’un thriller dramatique, où l’émotion aurait laissé place à la terreur dans les dernières pages. Mais rien n’y fait, car tout est linéaire dans ce récit. Tout s’enchaîne sans qu’il ne se passe quelque chose qui vaille la peine d’être retenu. C’est dommage, mais c’est comme ça, tant pis.
(Écrit pour le prix Goncourt des Lycéens)

James-Betaman
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le 11 oct. 2016

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