« [...] Ces personnes qui ont besoin de votre témoignage n'ont pas les mêmes raisons que vous de partir à la recherche du temps perdu» (Chevreuse, page 130)
De son propre aveu, Patrick Modiano marche ici plus que jamais dans le sillage de Marcel Proust: le souvenir de la vallée de Chevreuse le replonge dans un passé lointain et l'invite à renouer avec les vestiges de son enfance. À la faveur de retrouvailles avec de vieilles connaissances, il les transfigure en personnages de roman. La ligne de démarcation entre vie et littérature n'a jamais été aussi floue que sous la plume d'un Modiano septuagénaire, tout en sobriété et en maîtrise.
Son quarantième roman conserve donc à mes yeux tout le charme des premiers récits de cet écrivain unique, bien que le passage du temps ne fasse qu'appuyer les accents nostalgiques de sa prose.