Acheté dès sa sortie mais placé dans ma liste de livres à lire, jusqu’au moment où Laurent Gaudé a reçu, pour cette dystopie, Chien 51, un prix bien mérité. Alors, je m’y suis plongée, éperdument !
Les récits d’anticipation ne sont pas le genre que j’affectionne le plus. Pourtant, avec sa Magnapole, sur l’île de Céphalonie, qui classe son mode en trois zones, avec la troisième corvéable à merci, c’est un monde à la Elon Musk que Laurent Gaudé décrit.
Brins d’histoire
Imaginez, en zone 3, pas de vacances pour les salariés. Pour ceux de la zone 1, Magnapole ne promet peut-être pas l’immortalité, mais quand-même, la certitude de vingts années de vie, en plus, à profiter du luxe, de la détente et de « chiens » à sa botte grâce à la greffe de l’Eternytox !
« Bon chien, bonne laisse », Zem Sparak est un enquêteur de terrain en zone 3. Arrivé à la Magnapole, à l’age de vingt-quatre ans, la matricule XP 51 a choisit de travailler en zone 3, composée de personnes non qualifiées mais qui avaient un emploi en Grèce. Néanmoins, il a une accréditation pour passer en Zone 2.
« Bon chien » Salia Malberg est celle qui tient la laisse : « creuser, fouiller, chercher, bon chien. » Pur produit de Magnapole, son mentor, qu’elle enterre au début du roman, la surnommait « Brindille ».
Un meurtre horrible en zone 3 oblige Zem et Salia à être verrouillés. C’est un homme avec le corps tranché de la gorge au nombril dans un endroit où même les dealers ne viennent pas. Ils découvrent rapidement que l’homme vivait en zone 2 et avait été greffé à l’Ethernytox qu’on lui a volé. L’enquête peut débuter …
Roman noir et social
Le Péloponnèse est devenu un parc de recouvrement, zone de réception des déchets du monde entier. La faillite économique de la Grèce oblige les habitants à s’exiler dans « ce paradis » créé par une multinationale dont l’objectif est évidemment de servir les intérêts d’un petit nombre en exploitant tous les autres. Mais, puisqu’il n’existe plus d’autres possibles !
Au delà de la dystopie et du polar, que Laurent Gaudé découvre avec succès, c’est un vrai roman noir et social qu’il propose avec Chien 51. Car, en montrant par effets de loupe, les inégalités de la Magnapole, c’est notre présent qu’il dénonce.
La suite ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2022/11/14/laurent-gaude-2/