Pourquoi ce roman m'était-il tombé des mains il y a dix ans, alors que je viens de le dévorer cette semaine ? Pas le bon timing sûrement. Pourtant force est de reconnaître que la lecture de ce premier épisode fut très agréable.
Les chapitres sont courts, alternant entre différents personnages hauts en couleurs. Un découpage de scènettes astucieux et beaucoup de dialogues. C'est drôle, attendrissant, et l'on s'attache très vite à Michael, Mary Ann ou encore cette fantastique Mme Madrigal. Ces personnages sont certes caricaturaux mais là ou Armistead Maupin est doué c'est qu'en quelques pages seulement, il arrive à brosser des personnalités bien dessinées. Avec son écriture vive et légère, cela lui permet d'aborder une multitude de sujets plus ou moins sérieux ou graves (adultère, solitude, maladie, homosexualité, travail...). Il a aussi ce talent, celui de tisser des liens entre les personnages de manière fluide et rapide.
Ecrit en 1978, il revêt aujourd'hui un côté presque documentaire sur le San Francisco des années 70 (notamment les pratiques New-age à gogo). Les Chroniques de San Francisco sont considérées par beaucoup comme un classique de la littérature gay. Comme le souligne très justement Christopher Bram dans son essai "Les anges batailleurs", le succès du roman vient aussi parce son écrivain a su toucher un lectorat plus large que le public gay, en introduisant un personnage homosexuel (Michael) parmi d'autres personnages hétéros ou bisexuels, le plaçant au même niveau que les autres, dans la normalité tout simplement.
J'aurais aimé découvrir cette série plus tôt dans ma vie, ayant le plaisir et l'impatience d'attendre la parution de chaque livre. Alors faut-il engloutir les 8 tomes disponibles en français d'un seul coup ? Une question d'appétit me direz-vous ?